Jean Charest a sorti l'artillerie lourde contre François Legault, mardi, alors qu'il répondait favorablement à presque toute la liste de demandes du maire de Québec, Régis Labeaume.

Lors d'une conférence de presse dans la capitale, presque toutes les questions, peu importe le sujet, ont servi de prétexte pour en remettre une couche. Le chef libéral cible clairement l'électorat séduit par la Coalition avenir Québec, en particulier dans la région de Québec, un champ de bataille important de cette campagne.

Le chef libéral a même accusé François Legault de ne pas aimer la ville de Québec. Il lui reproche de n'avoir pris «à peu près aucun engagement» pour la capitale. Le chef caquiste a proposé la tenue d'une réunion sur le tourisme à Québec, mais «il y a déjà eu un sommet [sur le sujet] il y a quatre mois», a raillé M. Charest.

Comme lundi, le chef libéral a affirmé que François Legault avait abandonné les idées adéquistes qu'il s'était pourtant engagé à défendre au moment de la fusion de sa coalition avec l'ADQ. Il s'est demandé comment Éric Caire et Gérard Deltell pouvaient tolérer cela.

«François Legault n'est pas fiable pour deux sous», a tonné Jean Charest. Il a noté que, dans un débat organisé par La Presse, la CAQ avait adopté une «nouvelle position» en matière de santé. Le parti s'engageait à implanter un projet-pilote pour permettre à des médecins de pratiquer à la fois dans le privé et le public, mais le Dr Barrette a rejeté l'idée. Puis, au cours du débat, il a plaidé pour une plus grande ouverture au secteur privé pour la chirurgie d'un jour. Non seulement les opérations de la hanche, du genou ou de la cataracte - une seule entente du genre existe avec une clinique privée -, mais pour toutes les interventions qui ne nécessitent pas d'hospitalisation. Jean Charest a laissé entendre qu'il privilégiait d'autres mesures afin de réduire l'attente pour les interventions chirurgicales.

Le chef libéral a également reproché à François Legault de «carburer aux préjugés». Ce dernier a affirmé lundi que les jeunes Québécois pensent trop à faire «la belle vie», qu'ils devraient être plus productifs, à l'image des Asiatiques. «Je suis étonné qu'il se prête à ce genre de propos. Le peuple québécois est travaillant. Et les jeunes le sont également», a dit M. Charest. Il s'attend à ce que M. Legault essaie de «détricoter tout ça», comme il le fait dans d'autres dossiers. Il a rappelé que François Legault avait dit l'automne dernier que les cégeps sont «une maudite place pour apprendre à fumer de la drogue». «Il s'appuie sur des préjugés», a-t-il insisté.

Jean Charest a répondu à presque toutes les demandes de Régis Labeaume. Il a promis 200 millions de dollars pour prolonger la promenade Samuel-De-Champlain, et 95 millions pour des projets d'infrastructures. Quant à la réalisation d'un anneau de glace couvert, qui faisait déjà partie de ses engagements de 2008, comme elle dépend aussi d'un financement d'Ottawa, sa décision ne serait pas rendue avant 2014.

Jean Charest ne va toutefois pas jusqu'à donner le droit de lock-out aux municipalités, une demande de Régis Labeaume. «Ça fera l'objet d'une analyse, mais on ne l'a pas dans nos cartons aujourd'hui», a-t-il dit.

Il se défend de négliger la métropole. «Montréal n'a pas été privé de projets», a-t-il dit. Le maire Gérald Tremblay a fait sa liste de demandes; les libéraux ne lui ont pas encore répondu.

Sur la candidature possible de Marc Bellemare comme indépendant dans Sherbrooke, Jean Charest a simplement affirmé que l'avocat «a le droit de se présenter» contre lui. «Je fais confiance aux électeurs», a-t-il ajouté.

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La CAQ ne s'est pas gênée pour répondre aux attaques du chef libéral.

«Pour lui, c'est le Noël du campeur, a raillé le candidat caquiste Gérard Deltell, l'un des principaux joueurs de François Legault dans la capitale. Jean Charest joue encore au Père Noël à Québec aujourd'hui pour acheter le vote des gens de Québec.»

À ses yeux, le pactole promis par Jean Charest au maire Labeaume prouve que le PLQ se sent menacé dans la région de Québec.



Charest «pris au dépourvu», raille Legault


«Ce que j'entends depuis le début de la campagne, c'est que s'il y en a un qui n'est pas fiable, c'est M. Charest, a rétorqué François Legault. Les gens ont perdu confiance en lui, ils se disent qu'on a un gouvernement qui est corrompu, qui travaille juste pour les petits amis du Parti libéral.»

Depuis la publication de deux sondages qui laissent entrevoir une montée de la CAQ, vendredi dernier, le chef libéral n'a cessé de monter le ton à l'égard de son rival caquiste. La campagne publicitaire lancée hier, qui tente de dépeindre M. Legault comme un politicien emmêlé dans les contradictions, s'inscrit dans cet élan.

Mais la cible de cette offensive se formalise guère de cette escalade.

«On n'a pas assez d'argent pour faire des sondages à l'interne, a-t-il dit. Je suppose que le premier ministre en a de l'argent pour en faire. Ça me laisse sous-entendre que ça doit bien aller, notre affaire, pour qu'il nous attaque comme ça.»

Les critiques de Jean Charest trahissent aussi un profond malaise de la part du premier ministre sortant, selon François Legault. Idem pour l'avalanche de promesses qu'il a livrée au maire de Québec, Régis Labeaume, mardi.

«Il a l'air pris au dépourvu, il a l'air de ne plus savoir comment s'en sortir, a-t-il observé. Et là, il nous attaque sur n'importe quoi.»

Pauline Marois préférerait que Marc Bellemare ne se présente pas dans Sherbrooke. Elle a rappelé que le candidat péquiste, Serge Cardin, avait succédé à Jean Charest comme député fédéral de Sherbrooke en 1998. M. Cardin était pour le Bloc québécois «Et je souhaite qu'il succède maintenant à M. Charest comme député du Parti québécois. Vous pouvez conclure pour le reste par rapport à M. Bellemare», a réagi Mme Marois.

Elle n'a pas voulu dire ouvertement à M. Bellemare quoi faire. Mais elle a rappelé que la bataille entre MM. Cardin et Charest était déjà «bien engagée». «Alors j'aimerais qu'on continue dans ce sens-là, a-t-elle dit. Mais je ne peux pas décider à la place de M. Bellemare.»



Réaction péquiste


Pauline Marois préférerait que Marc Bellemare ne se présente pas dans Sherbrooke. Elle a rappelé que le candidat péquiste, Serge Cardin, avait succédé à Jean Charest comme député fédéral de Sherbrooke en 1998. M. Cardin était pour le Bloc québécois. «Et je souhaite qu'il succède maintenant à M. Charest comme député du Parti québécois. Vous pouvez conclure pour le reste par rapport à M. Bellemare», a réagi Mme Marois.

Elle n'a pas voulu dire ouvertement à M. Bellemare quoi faire. Mais elle a rappelé que la bataille entre MM. Cardin et Charest était déjà «bien engagée». «Alors j'aimerais qu'on continue dans ce sens-là, a-t-elle dit. Mais je ne peux pas décider à la place de M. Bellemare.»

- Avec Paul Journet et Martin Croteau