La Sûreté du Québec a déployé un imposant dispositif sécuritaire en prévision du rassemblement des jeunes libéraux à Victoriaville, mais au plus une douzaine de manifestants s'y sont présentés samedi.

«Je me réjouis du fait que tout se soit passé paisiblement», a affirmé le chef libéral Jean Charest. Il s'est défendu de miser sur d'éventuels débordements pour marquer des points au cours de la campagne.

«On n'en veut pas de manifestations. On ne veut pas de violence», a-t-il assuré en conférence de presse, à l'hôtel Le Victorin, le même établissement devant lequel la violence avait éclaté lors du dernier congrès du PLQ ce printemps.

Charest est longuement revenu longuement ces affrontements, survenus au summum du conflit étudiant et alors que les leaders étudiants étaient en négociations à Québec.

«C'est un épisode triste qu'on ne peut pas oublier, et il ne faut pas l'oublier», a-t-il affirmé. « Notre décision (sur les droits de scolarité) a été contestée. Des gens n'étaient pas d'accord, et ils ont le droit (...). Mais la violence et l'intimidation, c'est contraire à nos valeurs».

«Il faut tenir compte de ces événements dans le choix que nous ferons le 4 septembre prochain», a-t-il insisté. «Dans la mesure où les Québécois se prononcent sur l'avenir de notre société en disant "on ne tolère pas ces choses-là", ces choses-là ont plus de chances de cesser», a-t-il plaidé.

Des groupes avaient annoncé sur Internet leur intention de manifester aujourd'hui. Certains avaient baptisé leur opération «Terre brûlée».

En prévision d'importantes manifestations, l'hôtel Victorin était bondé de policiers, en civil ou en uniforme. Des barrières avaient été érigées autour de l'hôtel pour en protéger l'accès.

L'escouade antiémeute se tenait prête à proximité et des agents étaient postés sur le boulevard devant l'hôtel, où ils gardaient un oeil sur chaque véhicule qui approchait des lieux.

Les officiers de la SQ présents sur place étaient visiblement insultés lorsque des militants antilibéraux les ont accusés d'être «utilisés» par la campagne du PLQ.

«La mission de la Sûreté du Québec est d'assurer la sécurité du gouvernement lorsqu'il est rassemblé à l'extérieur du Parlement. Ici, aujourd'hui, il y a assez de ministres pour justifier le déploiement. Qu'on soit en élection ou pas, que ce soit le Parti libéral, le Parti Québécois ou la CAQ au pouvoir, ça ne change absolument rien aux stratégies opérationnelles de la SQ», a martelé le capitaine Jean Finet.

Jean Charest a indiqué qu'il n'a pas demandé un déploiement policier aussi imposant. «C'est la Sûreté du Québec qui fait l'évaluation et prend les décisions», a-t-il dit.

Devant 350 jeunes militants de son parti, le chef libéral a livré son discours le plus énergique de la campagne. Les libéraux avaient prévu une scène à l'américaine, avec des militants assis tout autour du chef. Stephen Harper utilise également ce genre de mise en scène.

Il a une fois de plus accusé Pauline Marois d'avoir choisi «la rue et le mouvement de contestation », d'avoir porté « le carré rouge », d'avoir fait preuve «d'opportunisme politique». Il a reproché à François Legault d'avoir fait un «virage à 180 degrés» sur les droits de scolarité et la loi 78. «Nous, on s'est tenu debout, et c'est ce qu'il faut faire », a-t-il lancé.

Tout comme Jean Charest, le président de la Commission-jeunesse, Kevin-Alexandre Lavoie, a défendu la décision de hausser les droits de scolarité. Il a rappelé que les jeunes libéraux avaient demandé au gouvernement de prendre cette «décision responsable pour que les universités québécoises soient de calibre mondial».

À l'extérieur, Samuel Gélinas-Nadeau, manifestait en portant un grand drapeau des Patriotes. Il disait protester contre la hausse des frais de scolarité, la loi spéciale et les «politiques néo-libérales» du gouvernement Charest. «On est en train de privatiser le Québec», déplore-t-il.

«C'est les élections, on veut faire descendre le vote libéral», a lancé Dominic Lemieux, étudiant en génie civil à l'Université Sherbrooke.

Les libéraux ont transformé en simple rassemblement d'une journée le congrès de la Commission-jeunesse qui était prévu ce weekend. La raison est simple : le congrès aurait été comptabilisé dans les dépenses électorales du parti. Le rassemblement est beaucoup moins coûteux.

Notons que la décision de tenir le congrès des jeunes libéraux à Victoriaville avait été prise avant les débordements de mai dernier, au Conseil national du PLQ. Quand les libéraux ont finalement choisi d'organiser un simple rassemblement, au début de la campagne, ils ont décidé de maintenir le lieu de l'événement.