Considérée par les Québécois comme un bas de laine collectif, la Caisse de dépôt et placement se relève de sa descente aux enfers de 2008, alors qu'elle avait perdu 40 milliards.

Son patron depuis mars 2009, Michael Sabia, s'est attelé à réduire le risque couru par le gestionnaire de patrimoine des travailleurs québécois, quitte à rogner sur le rendement au passage. Il a indiqué que l'institution s'éloignerait de la Bourse pour privilégier les placements privés dans des éléments d'actif concrets, comme les sociétés québécoises performantes appelées à se déployer hors de nos frontières.

Uniquement en 2012, elle a réalisé des placements privés dans la société d'informatique CGI et la firme d'ingénierie Genivar, qui ont chacune mis le grappin sur un concurrent européen.

Investissement plus controversé, la Caisse a augmenté cet été à 14,18% sa participation dans le quincaillier Rona après que celui-ci a fait l'objet d'une offre d'achat non sollicitée par l'américaine Lowe's.

Statistiques révélatrices, l'actif de la Caisse au Québec est passé de 33,4 milliards en mars 2009, à 41,2 milliards au 31 décembre dernier. En fait, l'institution a maintenant plus d'argent placé au Québec qu'aux États-Unis.

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec veulent que l'organisme aille plus loin dans ses interventions au Québec. Luc Bernier, professeur de l'ÉNAP, n'est pas entièrement de cet avis. «Il y a un équilibre à préserver, croit-il. La Caisse doit rester à l'international.»

Un rendement sous l'indice de référence

Au plan du rendement, la performance annualisée sur 3 ans s'élève à 9,1%, 26 points sous son indice de référence.

Sur quatre ans, le rendement, fortement influencé par la catastrophe de 2008, tombe en zone négative de -0,6% par année.

«La Caisse depuis de nombreuses années ne s'est pas particulièrement démarquée pour son rendement. Ce n'est pas faute de monde pour faire le travail», dit Robert Gagné, professeur d'économie à HEC Montréal.