Quelques jours après une prise de bec musclée avec le procureur de la Commission Charbonneau, Me Sylvain Lussier, François Legault a réagi avec prudence aux révélations selon lesquelles ce même avocat a représenté un géant de l'asphalte qui est sous la loupe de cette même commission. Il a renvoyé la balle à la commissaire tout comme Jean Charest.

La Presse a révélé vendredi que Me Lussier a déjà représenté la société Asphalte Desjardins qui fait partie des 25 firmes de construction ayant réclamé au gouvernement les plus importantes sommes supplémentaires par rapport aux contrats initiaux entre 2005 et 2011 (https://bit.ly/S7fvPU).

Questionné sur ces informations, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a renvoyé la balle à la juge France Charbonneau, qui dirige la commission chargée de faire la lumière sur les allégations de collusion et de corruption dans l'industrie de la construction et du monde politique.

«C'est à la juge Charbonneau de répondre à cette situation, a-t-il déclaré. Je pense que ce n'est pas à moi de juger de l'indépendance de Me Lussier. Moi, je fais confiance aux commissaires. C'est aux commissaires de choisir leurs procureurs.»

«C'est à la commission Charbonneau de répondre à ces questions. Elle est parfaitement autonome, et il faut qu'il le soit», a répondu de son côté Jean Charest de passage à Val d'Or.

Plus tôt cette semaine, le chef caquiste s'était retrouvé au coeur d'une véritable joute verbale avec Me Lussier. Tout a débuté lorsque le candidat vedette de la CAQ, Jacques Duchesneau, a critiqué la manière dont il a été interrogé lors de son passage devant la Commission Charbonneau. Même s'il n'était pas visé par les critiques, le procureur en chef a néanmoins riposté à l'ancien chef de l'Unité permanente anticollusion.

Ulcéré, François Legault a carrément remis en cause les motifs de Me Lussier, se demandant ouvertement s'il ne cherchait pas à protéger le gouvernement libéral de Jean Charest.

M. Legault avait calmé le jeu, le lendemain, affirmant qu'il fait toujours confiance à Me Lussier.

Le chef de la CAQ a assuré que ni son parti, ni son candidat vedette n'étaient à l'origine du reportage.

«Ce que je trouve troublant, surtout, c'est son intervention dans la campagne électorale, a maintenu François Legault ce matin. Maintenant, je peux comprendre que cet avocat puisse avoir représenté des entreprises.»

De passage à Québec, la chef du Parti québécois a elle aussi réagi très prudemment à nos révélations sur Me Lussier. «Je laisse à la commissaire Charbonneau le soin de juger. (...) Mme Charbonneau a la compétence nécessaire, elle a notre appui», a-t-elle dit.

Pauline Marois répète qu'elle fait confiance à la commission Charbonneau et qu'elle la laisse faire son travail.

-Avec Tommy Chouinard et Paul Journet