Un gouvernement de la Coalition avenir Québec imposera des sanctions aux professeurs qui refusent de travailler pour appuyer des étudiants en grève, a affirmé mercredi le chef François Legault.

«Dans un premier temps, on ne devrait pas payer des enseignants qui refusent d'aller enseigner, ça c'est la première chose, a affirmé M. Legault lors d'un point de presse, mercredi après-midi. Si ça se poursuit, je pense qu'il ne faut pas exclure d'autres sanctions.»

Au moment où une «action de perturbation nationale» organisée par la CLASSE au centre-ville de Montréal était déclarée illégale, le chef caquiste a une fois de plus appelé les étudiants à reprendre leurs cours dans l'ordre. Il souhaite que l'ensemble des Québécois se prononcent sur le conflit.

«La décision va se prendre le 4 septembre», a-t-il résumé.

Or, pour que la rentrée se déroule dans le calme, M. Legault estime que les enseignants ont un rôle à jouer. À ses yeux, les professeurs doivent faire leur travail, peu importe si certains étudiants décident d'ériger des lignes de piquetage à l'extérieur des établissements.

Des enseignants ont protesté contre les injonctions qui les forçaient à franchir ces piquets étudiants, au printemps, affirmant que la tension ne leur permettait pas de travailler sereinement.

M. Legault qualifie cette position d'«inacceptable». À ses yeux, le droit d'aller à l'école doit primer sur le «soit-disant droit de grève» des associations étudiantes.

La CAQ ne précise pas quelles sanctions elle imposera aux enseignants qui refusent de rentrer dans le rang si elle est élue. Elle prévient toutefois qu'il y aura des «conséquences» pour les professeurs qui ne se présentent pas en classe.

L'approche musclée de M. Legault contraste avec celle de Jean Charest. Le premier ministre sortant s'en remet aux policiers pour assurer l'application de la loi 78, et n'envisage pas des sanctions contre les professeurs. Pauline Marois estime pour sa part qu'aucune sanction ne sera nécessaire si elle est élue, puisqu'elle compte abroger la loi 78.

Le syndicat sursaute



La Fédération nationale des enseignants du Québec affiliée à la CSN (FNEEQ) a sursauté en entendant les propos de François Legault. «Monsieur Legault aurait intérêt à revoir le Code du travail et ce qui existe lorsqu'il y a une convention collective. Il y a tout un chapitre qui porte sur les mesures disciplinaires et les cadres des cégeps sont habilités à s'en servir. En d'autres mots, ce n'est pas à un politicien à prendre des mesures disciplinaires. Il y a un contrat de travail alors le contrat de travail s'applique», a dit Caroline Senneville, la présidente de la FNEEQ.

Le gouvernement s'est entendu avec la FNEEQ mercredi et embauchera des ressources supplémentaires pour les 14 cégeps qui sont touchés par une grève. Mme Senneville a d'ailleurs assuré que les enseignants seraient en poste dans les établissements où les élèves décideront de retourner en classe. Pour les endroits où la grève se poursuivra, les enseignants jugeront au cas par cas.

-Avec Émilie Bilodeau