Mardi matin, en marchant sur le boulevard Saint-Laurent, Anson Duran a eu la surprise d'apprendre que sa candidature dans la circonscription de Gouin avait été «retirée». C'est du moins ce qui était écrit sur de gros autocollants collés sur quelques-unes de ses affiches électorales.

Évidemment, c'est faux: Anson Duran, qui défend les couleurs du Parti libéral du Québec (PLQ), est toujours dans la course. Ses pancartes électorales ont plutôt été la cible de vandales.

À quelques rues de là, l'équipe de son adversaire péquiste, Nicolas Girard, posait de nouvelles affiches pour remplacer celles qui ont été arrachées ou vandalisées. Depuis le début de la campagne électorale, il y a une semaine à peine, environ 300 affiches ont été endommagées.

«C'est beaucoup plus qu'à l'habitude», a indiqué la responsable des relations de presse de Nicolas Girard, Geneviève Marsan. «La lutte serrée donne peut-être des arguments aux militants plus radicaux», a-t-elle dit, en soulignant la présence du symbole anarchiste sur des pancartes.

La candidate de Québec solidaire (QS), Françoise David, y a aussi goûté: jusqu'à maintenant, elle a «perdu» environ 10% de ses pancartes.

«Désinformation»

Bien que les exemples y soient frappants, Gouin est loin d'être la seule circonscription de la région montréalaise où l'on recense des pancartes électorales volées, vandalisées ou recouvertes d'autocollants.

Hier matin, l'équipe libérale de Masson, sur la Rive-Nord, a constaté qu'il ne restait qu'une seule des 40 à 50 affiches installées en début de campagne.

«C'est plus particulier cette année, parce que c'est fait de façon plus organisée et qu'il y de la désinformation», déplore Michel Rochette, directeur des communications du PLQ. Des pancartes ont par exemple été déplacées d'une circonscription à l'autre.

Des vandales se sont aussi amusés à faire des jeux de mots parfois douteux avec le slogan du PLQ, «Pour le Québec, For Quebec». C'est le cas sur plusieurs pancartes du candidat Gerry Sklavounos, dans Laurier-Dorion. D'autres ont dessiné des carrés rouges, symbole de la mobilisation étudiante.

Des affiches du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, ont eu droit à un traitement semblable. Dans le nord de Montréal et à Laval, notamment, certaines affiches sont tapissées d'insultes ou de carrés rouges.

Barbe et moustache

Si la cause étudiante semble parfois en jeu, elle n'est pas l'unique motivation des vandales. Québec solidaire, qui défend pourtant la gratuité scolaire, doit aussi composer avec une hausse des cas de vandalisme dans certaines circonscriptions.

Pas moins de 15% des pancartes installées dans la circonscription d'Amir Khadir (Mercier) ont été vandalisées.

Boulevard Saint-Laurent, on a dessiné une moustache à la Hitler à Amir Khadir. Dans la même thématique, on a dessiné une barbe à sa collègue Manon Massé sur des pancartes installées rue Saint-Denis.

À ce rythme, QS devra peut-être retourner à l'imprimerie. Les grosses pancartes coûtent 10$ chacune. «C'est dommage, parce que dans Gouin, le comité électoral avait décidé de réduire sa production de pancartes de 20% pour des raisons écologiques», a souligné David Dubois.

La police de Montréal a arrêté une seule personne relativement au vandalisme sur des pancartes électorales, jeudi dernier. Elle sera accusée de méfait.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse