Après avoir évité les questions des journalistes en matinée, Pauline Marois a finalement répondu à l'arrivée de Jacques Duchesneau à la CAQ. «Un homme seul, ça ne suffit pas. Ça prend toute une équipe pour faire le ménage. Et l'équipe, nous l'avons», a-t-elle lancé devant plusieurs centaines de militants entassés sous un chapiteau.

Le Parti québécois présentait ses 125 candidats et sa plateforme (à consulter ici) lors d'un rassemblement dans Gouin, où Nicolas Girard affronte la co-chef de Québec solidaire, Françoise David. Les mesures de la plateforme apparaissaient déjà, sous une forme moins détaillée, dans le programme du parti. Le cadre financier de ces promesses viendra plus tard dans la campagne.

Mme Marois a rappelé que les péquistes ont posé «des centaines de questions» à l'Assemblée nationale sur la corruption. «Notre travail à l'Assemblée a poussé Jean Charest dans ses derniers retranchements», a-t-elle lancé. Selon elle, c'est en bonne partie grâce au PQ que la commission Charbonneau a été déclenchée. Et c'est grâce au PQ que son mandat a été changé pour lui donner les pleins pouvoirs, dont celui de contraindre des témoins. En la qualifiant de «patente à gosse», le député Stéphane Bergeron aurait contribué à décrédibiliser la première version de la commission Charbonneau, et forcé le premier ministre à en réviser le mandat. «Sans le PQ, la commission d'enquête n'aurait pas la capacité d'agir», a-t-elle avancé.

Plus tôt aujourd'hui, l'arrivée de M. Duchesneau a semblé créer un malaise au PQ. Devant ses candidats, la chef a promis d'être intraitable. «Si jamais un membre de mon gouvernement devait manquer à ses devoirs, je serai intraitable. Ce sera tolérance zéro.»

Présenter la chef

Une vidéo hagiographique présentait Mme Marois avant son discours. On y rappelle qu'elle est née à Québec dans le quartier Limoilou, dans une «famille modeste, mais unie». Son père était mécanicien et sa mère faisait des ménages pour payer son éducation. «Ils auront quatre enfants et resteront toujours unis», dit-on du couple qu'elle forme avec Claude Blanchet. On rappelait son passage dans 14 ministères et son «vote de confiance historique» de 93,08% en avril 2011, peu avant que son leadership ne soit remis en cause par une série de démissions.

Outre la chef, Léo Bureau-Blouin et Jean-François Lisée ont été les candidats les plus applaudis.

La chef a attaqué l'intégrité du gouvernement Charest. «Il est plus facile pour un membre de la mafia de déjeuner avec une ministre que pour un étudiant de rentrer au complexe G (édifice gouvernemental à Québec où se trouve le ministère de l'Éducation).»

En plus de dénoncer comme d'habitude «la corruption» du gouvernement Charest, Mme Marois a prononcé un discours très nationaliste. «On nous a traités de porteurs d'eau, aujourd'hui nous transportons des gens dans nos trains et nos avions», a-t-elle lancé. Elle a vanté la loi 101 qui permet de «à des p'tits Tremblay, Nguyen, et Karim de jouer ensemble avec le même accent». Le PQ veut la renforcer pour l'appliquer entre autres aux cégeps, écoles de formation professionnelle et à l'éducation des adultes, ainsi qu'aux entreprises qui ont entre 11 et 50 employés. Les péquistes veulent de plus adopter une charte de la laïcité, et aussi une citoyenneté et une constitution québécoise.

Elle croit que le grand Montréal s'anglicise, et en rend responsable les libéraux. «Si on les écoutait, il faudrait s'excuser d'être servi en français. Il faut le dire une bonne fois pour toutes: nous n'avons pas è nous excuser de parler français.»

La chef a utilisé Stephen Harper pour stimuler la fibre identitaire. «Si vous voulez que Stephen Harper décide comment on va dépenser notre argent, pas de problème. Votez pour la CAQ ou les libéraux», a-t-elle dit.

Le PQ veut se positionner à gauche des libéraux et caquistes. «On va demander aux plus fortunés de faire un effort supplémentaire», a répété Mme Marois. Elle veut abolir la taxe santé, une mesure régressive selon elle. Le Plan Nord serait devenu un «bar ouvert», a-t-elle dénoncé en citant Jacques Parizeau.