Pendant que Jean Charest s'accordait la note de 8 sur 10 en matière de lutte contre la corruption, François Legault ne lui a donné qu'une note de «2 ou 3». L'éthique et l'intégrité se sont retrouvées au coeur de tirs croisés entre libéraux et caquistes, hier.

M. Legault se présente comme le champion de la lutte contre la corruption. S'il est élu, sa «loi 1», dont il a révélé les détails hier, touchera le lobbyisme, les élus, le personnel politique et les fonctionnaires.

«Pourquoi pensez-vous qu'on est en élection en plein mois d'août? a dit le chef caquiste, lors d'un passage à Saint-Lin-Laurentides. C'est parce qu'il y a une commission qui va commencer ses travaux publics à la mi-septembre et M. Charest ne veut pas entendre son bulletin de la part des témoins qui vont venir à la commission Charbonneau.»

Mais M. Legault a été placé sur la défensive lorsque le Parti libéral l'a sommé, dans un communiqué, d'expliquer les irrégularités dans le financement de la Coalition avenir Québec (CAQ), lorsque celle-ci était un organisme sans but lucratif.

Le chef de la CAQ a dit que ces «erreurs» ont été commises par des bénévoles, et il a réitéré les excuses qu'il avait déjà formulées. Il a par la suite relancé la balle à Jean Charest.

«Une cassette»

Le premier ministre sortant a accusé M. Legault et la chef péquiste Pauline Marois de «jouer une cassette» sur la corruption parce qu'«ils n'ont pas d'autre chose à dire».

«Allez faire l'inventaire des lois et des mesures que nous avons adoptées, a-t-il affirmé à Québec. C'est difficile d'arriver à la conclusion qu'on n'a pas fait tous les efforts. Aucun gouvernement n'a fait plus pour lutter contre la corruption et la collusion dans la construction.»

Jean Charest a rappelé la création de l'Unité permanente anticorruption, les modifications à la loi sur le financement des partis politiques et les mesures pour contrer les fraudeurs dans l'industrie de la construction.

Renforcer l'expertise

La CAQ martèle qu'il faut «faire le ménage». Sa «loi 1» permettrait de renforcer l'expertise du ministère des Transports, dont plusieurs projets ont été minés par des dépassements de coûts depuis quelques années.

Le parti souhaite que le Ministère embauche des ingénieurs d'expérience afin de mieux évaluer les soumissions qui sont présentées au gouvernement. Il calcule qu'il existe un écart salarial de 30 000$ à 40 000$ entre ces ingénieurs et leurs collègues du secteur privé.

La CAQ n'est pas réputée proche des syndicats, au contraire, mais celui qui représente les ingénieurs du gouvernement du Québec est enchanté par cette proposition.

Michel Gagnon, de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, affirme que plusieurs de ses membres ont quitté la fonction publique pour le secteur privé, où les conditions salariales sont beaucoup plus alléchantes. Certains ont littéralement fait le saut du jour au lendemain, dit-il.

La loi prévoit aussi une série de mécanismes pour faire la lumière sur l'administration publique. La CAQ souhaite créer un poste de directeur parlementaire du budget, comme Kevin Page à Ottawa, qui serait chargé de fournir un portrait indépendant des finances publiques.

Le vérificateur général verrait ses pouvoirs augmentés afin d'améliorer sa surveillance des sociétés d'État comme Hydro-Québec.

Comme le Parti québécois, la CAQ propose des élections à date fixe. Elle veut aussi que le plafond des dons individuels diminue de 1000$ à 100$. Le PQ déplore par contre que la CAQ ne s'engage pas comme lui à couper les pensions des députés qui démissionnent avant la fin de leur mandat. M. Legault avait lui-même quitté au milieu de son mandat.