Lundi soir, six candidats peu connus ont délogé des poids lourds du dernier gouvernement. Qui sont ces nouveaux venus qui font une entrée fracassante à l'Assemblée nationale? Nous avons joint trois d'entre eux.

Marie Montpetit (PLQ)

Elle a défait Diane De Courcy, ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Charte de la langue française.

«C'est une journée un peu surréaliste», confie Marie Montpetit. Ça ne fait pas 24h qu'elle a été élue députée que des employés de l'Assemblée nationale lui demandent déjà quelle sorte de téléphone intelligent on doit lui commander... Elle éclate de rire. «Ça n'a pas été facile comme campagne. Mais ça a été extrêmement agréable. J'en aurais pris 30 jours de plus!»

Bastion péquiste, Crémazie? Marie Montpetit, 34 ans, présidente de la Commission politique nationale du Parti libéral, a maintes fois réfuté cette affirmation au cours de la campagne. Cette conseillère et gestionnaire dans le domaine de la santé a ravi cette circonscription multiculturelle montréalaise à la ministre de l'Immigration Diane De Courcy. «Les gens étaient déçus du bilan péquiste», dit-elle. «Le référendum, la Charte, tout ce qui a suscité de la division...»

En 2012, Mme De Courcy avait pourtant remporté une victoire sans appel avec 3300 voix de majorité. En 2014, les rôles sont inversés, et Mme Montpetit a décroché 2500 voix de majorité. Une nouvelle vie commence pour cette mère d'une petite fille de 5 ans. «Mais j'ai une bonne idée dans quoi je m'embarque. Je prends ça un jour à la fois.»

Crémazie

> Marie Montpetit (PLQ): 13 440

> Diane De Courcy (PQ): 10 892

> Sylvain Bessette (CAQ): 4731





Jean-François Roberge (CAQ)

Il a défait Bertrand St-Arnaud, ministre de la Justice.

Vendredi après-midi, il enseignait à sa classe de 5e année de l'école de la Chanterelle, à Saint-Basile. Lundi soir, il est devenu député. «Je ne pourrai pas compléter l'année. C'est dommage, j'avais un très beau groupe!»

Jean-François Roberge quitte donc l'enseignement pour embrasser son autre passion, la politique. Cet ancien de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et de Force Jeunesse a milité au Parti québécois avant de bifurquer vers la CAQ. En 2012, il s'était incliné contre celle qui allait devenir ministre de l'Énergie, Martine Ouellet, dans Vachon. Cette fois-ci, il se mesurait au ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, dans son patelin de Chambly. «Moi, c'est les ministres ou rien!», rigole-t-il au bout du fil.

Deux moments ont marqué sa campagne électorale. «Quand on a cessé de parler de référendum, et que les positions de chaque parti étaient claires, les oreilles se sont ouvertes. «Qu'avez-vous à nous proposer? " demandaient les gens. Ils étaient curieux, c'était bon signe. Après le second débat, les gens se sont mis à me dire: «Il est temps que quelqu'un dise la vérité".» Le dossier de l'éducation tombe évidemment dans ses cordes. «Mais ce sera à M. Legault de décider qui parlera de ce dossier au nom du parti...»

Chambly

> Jean-François Roberge (CAQ): 12 130

> Bertrand St-Arnaud (PQ): 11 722

> Magdala Ferdinand (CAQ): 7869

Photo officielle tirée de Facebook

Jean-Francois Roberge

André Lamontagne (CAQ)

Il a défait Yves-François Blanchet, ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs.

Les données finales du dépouillement du scrutin lui sont parvenues hier après-midi: 1853 voix de majorité. «C'est beaucoup plus qu'on avait anticipé!», s'exclame le nouveau député de Johnson, André Lamontagne.

Mais il sentait bien que la victoire était à sa portée, dit-il. En 2012, le PQ avait gagné Johnson par 203 voix. André Lamontagne, un homme d'affaires montréalais originaire du Lac-Saint-Jean, n'avait jamais participé à une campagne électorale. À 53 ans, il a décidé de faire le grand saut. Pour gagner. «J'allais pas là comme figurant.»

Il a senti un souffle pour son parti après le second débat. «Plus ça progressait, plus les gens venaient me parler. On reconnaissait notre véhicule, on nous saluait.»

Il dit avoir découvert avec enthousiasme la vocation de député, «comment je pouvais être utile pour les gens». «Il y a énormément d'entrepreneurs ici, et moi, j'ai toujours été en affaires.»

Ces dernières années, il s'est consacré à sa passion pour les hélicoptères, en revendant ou louant des appareils. Mais bientôt, c'est vers Québec qu'il s'envolera pour assister aux débats de l'Assemblée nationale. «Je suis l'un de ceux qui ont été déçus par les débats à l'Assemblée, mais j'espère contribuer à faire en sorte qu'on s'interpelle en faisant appel à l'intelligence.»

Johnson

> André Lamontagne (CAQ): 13 621

> Yves-François Blanchet (PQ): 11 768

> Brigitte Mercier (PLQ): 8946

Photo fournie

André Lamontagne

Trois autres tombeurs de ministres

Simon Jolin-Barrette (CAQ) 

Il a défait Pierre Duchesne, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie.  

En 2012, Pierre Duchesne avait remporté Borduas avec une avance confortable de plus de 2500 voix (39% des voix). Cette fois-ci, une remontée des libéraux (+ 6%) a grugé les appuis de la vedette péquiste (33 %). Au final, la CAQ l'emporte avec la même proportion des voix (34%) qu'en 2012.  

Et le nouveau député est un avocat de 27 ans, Simon Jolin-Barrette. Originaire de Mont-Saint-Hilaire, il travaille au Service des affaires juridiques de la Ville de Montréal. Il fait partie de la CAQ depuis 2011, et avait tenté sa chance en 2012 dans Marie-Victorin. En entrevue à L'Oeil régional pendant la campagne, il s'est notamment dit contre l'exploitation des gaz de schiste « parce que la technologie n'est pas assez avancée» et intéressé par la question du transport collectif, un enjeu majeur dans la région selon lui. 

 

Guy Hardy (PLQ) 

Il a défait Réjean Hébert, ministre de la Santé et des Services sociaux.

Homme bien connu dans le milieu des affaires de Sherbrooke, Guy Hardy a récupéré la circonscription de Saint-François qui a longtemps été le fief de l'ancienne ministre libérale Monique Gagnon-Tremblay. M. Hardy avait d'ailleurs recruté sa collaboratrice, Nicole Forcier, pour organiser sa campagne. En entrevue à La Tribune en mars, il promettait de relancer l'économie de la région. «La plus grande problématique, c'est que nous n'avons pas d'industries primaires. Les gens ne travaillent pas. Il y en a trop sur le chômage et sur le bien-être social.» 

La victoire de M. Hardy n'est pas une surprise. En 2012, Réjean Hébert, ex-doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, avait arraché la circonscription avec 65 voix sur le PLQ. Cette fois-ci, les libéraux ont profité de la baisse de l'appui pour M. Hébert (-3%) et pour la CAQ (-1%) pour aller chercher deux points de pourcentage et une majorité de 2100 voix. Pendant ce temps, Québec solidaire (+5%) a certainement récupéré une partie des appuis de M. Hébert ainsi que ceux d'Option nationale (-1%).

À lire: La nouvelle vie du député Guy Hardy (La Tribune)

 

Caroline Simard 

Elle a défait Pauline Marois, première ministre du Québec. 

Elle a certainement causé la surprise de la soirée en battant nulle autre que la première ministre dans Charlevoix-Côte-de-Beaupré avec 882 voix de majorité. Originaire de Baie-Saint-Paul, la recrue Caroline Simard en était à sa première campagne électorale. Propriétaire d'une entreprise de recherche marketing, âgée de 38 ans, elle a également été bénévole pour de nombreux organismes de la région de Québec. Ce n'était pas joué d'avance pour la future députée: en 2012, Mme Marois avait conservé son siège avec une avance confortable de 5171. 

À lire: La femme qui a défait Pauline Marois (Le Soleil)

Charlevoix-Côte-de-Beaupré: étonnement... et sourires amusés (Le Soleil)