Après un court purgatoire de 18 mois, les libéraux sont déjà de retour au pouvoir. Ils l'ont fait avec une victoire majoritaire. Et encore plus rapide que prévu.

«La division est terminée, la réconciliation est arrivée. À partir de maintenant, travaillons ensemble pour la prospérité du Québec», a déclaré le premier ministre élu, Philippe Couillard, qui veut mettre rapidement derrière lui les débats sur la Charte de la laïcité péquiste, une nouvelle loi 101 et l'indépendance. «Le Québec a choisi l'union et l'ouverture», a-t-il déclaré. M. Couillard promet de bâtir «un Québec plus prospère, juste et ouvert sur le monde». Son mandat sera tourné avant tout sur «l'économie et l'emploi», a-t-il déclaré devant quelque 250 militants.

Durant toute la campagne, M. Couillard s'est targué de garder un ton respectueux. Il a dit accepter son nouveau rôle «avec honneur, avec sérénité, humilité et confiance, conscient de l'ampleur de la tâche devant nous». La présence continue de François Legault constitue «une bonne nouvelle», a-t-il jugé, tout en saluant Pauline Marois, «première femme à occuper la fonction de premier ministre».

Conscient que la méfiance de certains citoyens reste grande à l'endroit de la classe politique et du Parti libéral, M. Couillard a promis de diriger un gouvernement «intègre et transparent».

Victoire intime

Il n'y avait même pas 40 militants dans la salle de l'hôtel de ville de Saint-Félicien lorsque les réseaux de télévision ont annoncé la victoire libérale, vers 20h20. Les deux tiers de la salle étaient encore vides.

Peut-être avaient-ils eux-mêmes de la difficulté à croire à un tel résultat? Il y a moins d'un mois, le Parti québécois (PQ) les devançait dans les sondages. Mais au premier tiers de la campagne, la tendance a commencé à se renverser. Et l'écart a continué de se creuser jusqu'à la fin.

Alors que les militants les plus ponctuels ouvraient leur première bière, la carte du Québec se coloriait déjà de rouge. On entendait même plusieurs huées quand Pauline Marois, Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville apparaissaient sur les deux écrans géants.

La remontée des libéraux n'est pas localisée géographiquement. Ils ont grugé des sièges dans toutes les régions du Québec. Et ils l'ont fait en prenant leur revanche sur certains de leurs ennemis. Notamment les ex-carrés rouges Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin, qui menaient en 2012 la lutte pour le gel des droits de scolarité contre le gouvernement Charest, avant de se joindre aux péquistes et d'approuver l'indexation autrefois honnie.

Le transfuge Gaétan Barrette a battu l'ex-députée libérale Fatima Houda-Pepin, qui avait défié l'autorité du chef Couillard au nom de son combat pour la laïcité et contre l'intégrisme. Cela aura été le début de la fin de sa vie politique.

Une douzaine d'ex-ministres du gouvernement Charest ont été réélus. Ils seront rejoints par quelques recrues-vedettes, comme Carlos Leitao, Hélène David, François Blais, David Heurtel, Martin Coiteux et Jacques Daoust. Pour former son prochain gouvernement, Philippe Couillard devra jongler avec de nouveaux visages et des figures bien connues.

Arthur Porter félicite Philippe Couillard

L'ancien patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Arthur Porter, n'a pas raté l'occasion de se rappeler aux bons souvenirs de Philippe Couillard en apprenant sa victoire.

«Québec, félicitations. Vous avez fait un excellent choix», a-t-il déclaré, dans un message envoyé du fond de la prison panaméenne où il tente d'éviter l'extradition vers le Canada et le procès pour corruption qui s'en suivrait. 

«Il me fait grand plaisir de féliciter Philippe Couillard pour son ascension à la plus haute fonction du Québec. Sa compréhension du gouvernement, du secteur privé et son internationalisme seront inestimables. Je n'avais pas l'intention de commenter l'élection, mais quand Philippe a été questionné sur ses relations avec moi, je sentais que je devais rectifier les faits», a-t-il ajouté. 

La semaine dernière, Arthur Porter avait fait une sortie pour confirmer qu'il a été proche de M. Couillard mais que l'entreprise de consultants qu'ils avaient fondée ensemble n'a jamais été activée.

- Vincent Larouche

PHOTO ARCHIVES PC

L'ancien numéro un du CUSM Arthur Porter, accusé de fraude, avant d'être emprisonné au Panama.