Pauline Marois fonde sa promesse de baisses d'impôt sur des surplus budgétaires additionnels qui n'apparaissent pas dans son budget et qui seraient dégagés grâce à une meilleure performance de l'économie. Ce n'est ni de la « pensée magique » ni une « fausse promesse », selon elle.

Lors d'une mêlée de presse à Laval, vendredi, la chef péquiste a été questionnée sur sa promesse-surprise de baisser les impôts des particuliers et des entreprises après le retour à l'équilibre budgétaire, prévu en 2015-2016.

Or, le budget Marceau, qui représente le cadre financier du Parti québécois dans cette campagne, ne prévoit aucune baisse d'impôt pour les prochaines années ni aucune marge de manoeuvre pour en faire. Les surplus budgétaires qui seraient dégagés entre 2015-2016 et 2018-2019 seraient en effet totalement épuisés en raison des versements à faire au Fonds des générations. Ces versements sont obligatoires pour respecter les objectifs de réduction du poids de la dette et pour compenser les déficits additionnels dus au report de deux ans de l'équilibre budgétaire.

Pauline Marois a précisé qu'elle ne remettrait pas en question les versements au Fonds des générations. « Tout ce qui est dans le budget sera respecté », a-t-elle dit. « Mais nous sommes positifs, confiants, que nous pourrons faire croître l'emploi et l'économie québécoise, avec toutes les politiques que nous avons mises de l'avant, et nous pourrions donc générer davantage de surplus. C'est ce sur quoi nous travaillons ». Ces surplus additionnels seraient partagés à parts égales en baisses d'impôt et en « maintien ou amélioration des services publics ». « Si les chiffres sont au rendez-vous, c'est ce que nous ferons. »

« On ne pense pas que c'est de la pensée magique », a-t-elle ajouté, plaidant que « personne ne croyait » que son gouvernement allait contrôler les dépenses comme il l'a fait. « Alors il faut se faire confiance et imaginer qu'on va améliorer encore la situation. Et en l'améliorant, on va en faire profiter les Québécois ».

« Nous ne faisons pas de fausses promesses comme en font les libéraux et les caquistes », a-t-elle soutenu. Pour démontrer sa crédibilité, elle a fait valoir qu'au moment où elle était ministre des Finances, elle a baissé les impôts et versé 500 millions de dollars à la dette grâce à des surplus budgétaires.

Pauline Marois s'est réjouie des plus récentes statistiques sur l'emploi. Quelque 15 000 nouveaux emplois ont été créés en mars selon Statistique Canada. « La confiance est revenue au Québec, c'est assez clair. Nos politiques en matière d'emploi ont sûrement donné un petit coup de pouce. C'est pour ça qu'on veut continuer à servir les Québécois », a-t-elle dit.

«Pas crédible», raille Legault

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a de nouveau dénoncé ce qu'il appelle « l'improvisation » de la chef péquiste. Il voit mal comment un gouvernement Marois parviendrait à dégager des surplus budgétaires pour réduire l'impôt alors que la plupart des nouveaux emplois ont été créés dans le secteur public.

Il note au passage que le budget déposé par le ministre des Finances Nicolas Marceau ne faisait aucune mention de baisses d'impôt dans ses projections à long terme.

« Elle n'est pas crédible en économie, elle n'est pas crédible pour ce qui est de réduire les taxes, a raillé M. Legault. Et maintenant, elle change son plan de match à deux-trois jours de l'élection. Ce n'est pas sérieux, c'est improvisé. »

- Avec Martin Croteau