Analyse. La bonne performance de François Legault au second débat télévisé semble avoir catapulté la Coalition avenir Québec (CAQ) dans le peloton de tête, plus très loin des libéraux et des péquistes dans la course électorale. Depuis jeudi, la CAQ aurait gagné neuf points chez les francophones, selon un tout récent sondage CROP réalisé pour le compte de la CAQ.

Flambée éphémère ou début de tendance? Même le vice-président de CROP, Youri Rivest, se perd en conjectures. Ce qui monte vite descend vite, observe-t-il spontanément. Mais en même temps, la remontée de la CAQ survient à une semaine du scrutin, le moment parfait pour donner au parti de Legault l'élan nécessaire pour éviter la catastrophe lundi. Pour le sondeur, difficile de dire qui l'emportera. «Mais on revient clairement en territoire minoritaire», dit-il.

«Un segment mou»

Des précédents? Il n'y en a guère. Lors de la montée du Nouveau Parti démocratique aux élections de mai 2011, la vague pouvait être sentie pendant les semaines précédentes, elle n'est pas apparue en trois jours. Même chose quand les libéraux sont passés en première place lors de la campagne de 2003; la progression, rapide, s'était tout de même faite sur plusieurs jours.

«Le sens du mouvement est plausible. Mais par définition, c'est un segment mou de l'électorat, qui a été influencé par le débat. Il restera mou jusqu'au dernier moment. La probabilité, c'est qu'une bonne partie de ces électeurs sont susceptibles de revenir en arrière, à moins que Legault ne maintienne la pression», poursuit l'ancien patron de Créatec.

«Ce sera durable si la suite de la campagne vient renforcer l'impression des gens. Cela pouvait être un coup de coeur, spontané, mais si les électeurs voient que les deux autres partis sont du pareil au même, cela peut les conforter dans leur décision», observe Claude Gauthier, ex-patron de CROP, aujourd'hui à la retraite.

L'enquête CROP effectuée la semaine dernière montre que la CAQ aurait soudainement 24% d'appuis chez les francophones, elle qui avait 14% d'appuis la semaine précédente, après le premier débat. Dans le dernier sondage public de CROP, quelques jours plus tôt, la CAQ avait 15%. Du côté libéral, le sondage de la semaine dernière montre une chute de 4 points en une semaine, de 33 à 29. On revient au niveau du dernier sondage publié par La Presse, à 30%. Le PQ a perdu 2 points entre les deux débats, à 36%, mais on est loin de son avance confortable de 43% dans le sondage publié le 18 mars.

«Maintenir la pression»

Une évidence, Legault a bien l'intention de «maintenir la pression». Surtout, il promet de ne pas s'égarer désormais dans les méandres de la Charte des valeurs ou de l'intégrité. Tôt hier matin, l'animateur de la station qui présentait une entrevue du chef caquiste expliquait qu'il était dans un corridor étroit: Legault avait accepté l'interview à la condition qu'elle porte sur les engagements de son parti.

«J'ai dit tout ce que j'avais à dire sur la Charte», laissait-il tomber. Je sens qu'il y a un vent et que le Québec va bouger. Je ne jouerai pas le jeu de Mme Marois de parler de la Charte, je vais parler d'économie jusqu'au 7 avril», a tranché le chef caquiste.

Pour l'heure toutefois, on est encore loin de la Legaultmanie. La CAQ sillonne encore le Québec avec des arrêts dans des restaurants où le chef serre la pince à des clients qui étaient là par hasard. On a prévu une bien petite salle pour une réunion à Montréal cette semaine.

Il faudra attendre quelques jours pour savoir si la CAQ, après le débat, a vraiment eu le go!