Philippe Couillard a déjà laissé entendre ne pas vouloir étaler les hausses salariales des médecins, qui grugeront plus de la moitié de l'argent neuf en santé l'année prochaine. Mais le candidat libéral Gaétan Barrette assure que les libéraux seraient ouverts à le faire.

«Respecter l'entente et varier l'application, c'est une autre chose. Ceci étant dit, est-ce qu'il est encore nécessaire d'avoir un étalement? On verra lorsqu'on sera au gouvernement», a répondu M. Barrette en marge d'un rassemblement partisan dans La Prairie lundi soir.

En vertu de l'entente signée sous le gouvernement Charest, le salaire des médecins augmentera de 67% en cinq ans. L'année prochaine, cette hausse coûtera 540 millions à l'État. Soit plus de la moitié de la hausse totale (976 millions, ou 3%) du budget en santé.

À cause de la précarité des finances publiques, la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ), qui était alors présidée par le Dr Barrette, avait accepté de négocier avec le gouvernement péquiste pour étaler ces hausses salariales, tout en respectant à terme l'entente.

Le Dr Barrette avait même accepté de reporter le versement de 300 millions. Mais le gouvernement péquiste a quitté la table de négociation, malgré cette ouverture. «Lorsque j'étais président de la FMSQ, et l'actuel président de la FMOQ, on a dit oui au gouvernement, trois fois. Trois fois le gouvernement Marois a retiré sa demande. On comprend pourquoi aujourd'hui. C'était pour en faire une manipulation dans un discours électoral. Je ne vais pas me dédire là-dessus. J'avais dit oui, et je suis convaincu que si vous allez voir la présidente actuelle, elle vous dira qu'elle est prête à considérer la chose si on le lui demande.»

La chef péquiste Pauline Marois propose encore l'étalement. Ce serait nécessaire selon elle pour éviter de reporter d'autres promesses en soins de santé.

Il y a deux semaines, M. Couillard semblait demander moins aux médecins que ce qu'ils avaient déjà eux mêmes accepté d'offrir. Le chef libéral manifestait peu d'intérêt pour l'étalement. Les dépenses en santé «ne représentent pas la source principale du problème», racontait-il. Elles correspondent à la moyenne canadienne, disait-il. «Donc les dépenses en santé sont justifiées, et les ententes avec les médecins sont justifiées.»

Le chef libéral refuse-t-il le principe de l'étalement? «La question n'est pas là, a répondu M. Barrette. Ce que M. Couillard a dit de façon claire, nette et précise, c'est qu'il allait respecter l'entente signée. Maintenant, respecter l'entente signée et l'appliquer, c'est autre chose. Et lorsqu'on sera au pouvoir majoritaire, on verra ce qu'il est opportun de faire.»

Le cadre financier libéral prévoit une croissance de 4% du budget des dépenses en santé en 2014-15.