Les faits saillants de la campagne électorale, au lendemain du débat des chefs.

Le toit coule

En arrivant au gymnase de l'école Lévis-Sauvé de Verdun pour la conférence de presse du Parti québécois (PQ), les journalistes pointaient en souriant leur appareil photo vers le plafond. Le toit coulait. Une cloque s'était formée au plafond, tel un abcès, drainée par un tuyau vert. Assez ironique, se disait-on, comme choix de salle pour parler d'éducation. Or, ce n'était pas une mise en scène d'Yves Desgagnés, mais c'était tout de même prévu. Pauline Marois voulait utiliser cet exemple pour promouvoir son programme Réno-écoles récemment mis en place, doté d'une enveloppe de 400 millions de dollars.

«Êtes-vous sérieux?»

Il y a eu une hésitation. Pour des raisons encore vaporeuses, un journaliste venait de demander au président de l'Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, s'il était en faveur de la légalisation de la marijuana. Il ne croyait pas obtenir une réponse sérieuse. «On est ouvert à toute nouvelle production», a répondu M. Groleau. Après quelques rires décalés, le journaliste est revenu à la charge. «Êtes-vous sérieux?» M. Groleau l'était. Mais il a précisé que l'UPA n'en faisait pas une demande officielle. Elle est simplement disposée à faire rouler autrement l'économie.

Bienvenue aux Îles!

L'accueil chaleureux des Madelinots n'est plus à démontrer. Et on peut dire que les militants libéraux voulaient souhaiter en grand la bienvenue à Philippe Couillard. Deux animateurs réchauffaient la salle. Ils ont même fait des répétitions pour s'assurer que les cris et les applaudissements soient au rendez-vous à l'arrivée du chef. «On peut se pratiquer une dernière fois, mais je pense que c'est correct», a dit un animateur. Correct ce fut. Mais ce soir-là, Nancy Clark a volé la vedette au chef. La jeune femme a fait un discours émouvant au sujet de son inquiétude quant à l'avenir de la région et son dilemme du moment: acheter ou pas une maison aux Îles avec son conjoint. «Je veux la copie du discours», a lancé M. Couillard qui, depuis, parle d'elle dans presque toutes ses allocutions.

L'étude Secor-PKPMG

Pierre Karl Péladeau par-ci, Pierre Karl Péladeau par-là. On ne parle que de lui. Tellement qu'il a l'air de hanter les pensées de Pauline Marois. On l'a constaté au sommet de l'Union des municipalités du Québec, hier. «Vous vous souvenez sans doute qu'une étude de la firme Secor-PKP... pardon, KPMG...», a affirmé Pauline Marois, provoquant l'hilarité générale dans la salle. «Vous avez pensé à quelque chose... PKP peut-être? Ce n'est pas mauvais...», a-t-elle ajouté avec le sourire.

De très longues journées

En campagne électorale, on perd souvent la notion du temps. Parlez-en à Philippe Couillard. Ce soir-là, il expliquait que Nicolas Marceau avait promis l'atteinte du déficit zéro pour l'année en cours mais que, six mois plus tard, il s'est retrouvé avec un trou de 2,5 milliards de dollars. «Il s'est trompé de 14 millions à tous les jours!», a illustré le chef libéral. Et d'ajouter, avec la conviction d'avoir une bonne ligne: «On est chanceux qu'il n'y ait pas une huitième journée dans une journée!» Dans une semaine plutôt, évidemment... Jean-Marc Fournier en rit encore. Reconnaissons que le chef libéral n'a pas tout faux: les journées sont particulièrement longues en campagne électorale.

C'est qui le plus beau?

Passage de la caravane caquiste dans une «famille de la classe moyenne» de Boisbriand, au début de la semaine. L'opération vise à fournir de belles images aux réseaux de télévision. Après avoir discuté une quinzaine de minutes avec deux électrices conquises d'avance, François Legault veut s'amuser avec l'une des fillettes présentes. En lui présentant son livre: «C'est qui le plus beau? Le monsieur sur la couverture [Legault] ou le monsieur ici [Legault] ?». La petite n'a pas voulu trancher ce dilemme cornélien devant une meute de journalistes.

S'assagir de gré ou de force

François Legault visite une entreprise de l'ouest de Montréal. Le patron est un vieil ami du politicien et tous deux semblent croire que la campagne électorale est le cadre parfait pour se remémorer - devant les médias - leurs folles années de jeunesse.

Isabelle Brais, l'épouse de François Legault: « Depuis, vous vous êtes assagis». 

François Legault, l'air de regretter d'avance ses propos: «C'est qu'il n'est plus capable...»

Isabelle Brais: «Comme toi!»

«Pris en sandwich»

Les «dîners publics» de François Legault permettent à certains électeurs de s'adresser directement au chef caquiste au cours de sa tournée des tables. Comme cette dame qui, dans la couronne nord de Montréal, lui a dit regretter qu'il soit pris «en sandwich» entre le Parti québécois et le Parti libéral du Québec sur la question nationale. Tant mieux, a continué la dame, parce que «le milieu du sandwich, c'est le meilleur».