Philippe Couillard ne peut pas signer la constitution sans tenir de référendum, dit Pauline Marois.

La chef du Parti québécois (PQ) accuse son adversaire de vouloir «verrouiller» le Québec dans la constitution canadienne, sans consulter les Québécois. «Il ne peut pas prendre une décision sur une aussi importante question sans faire un référendum», a-t-elle insisté lors d'une conférence de presse où elle présentait à nouveau sa politique de lutte à l'itinérance, qui avait été accueillie favorablement cet hiver.

Hier, le chef libéral annonçait qu'elle prendrait l'initiative de relancer le dossier constitutionnel. Il promettait d'en parler avec les premiers ministres des provinces canadiennes et le chef libéral fédéral, Justin Trudeau. Mais moins de 24 heures plus tard, il a affirmé samedi matin qu'il n'y avait «aucune urgence» à relancer le débat. Ses conditions demeurent celles exigées par Québec pour l'Accord du lac Meech.

«J'ai compris qu'il change d'idée encore une fois, a réagi la chef du PQ. Remarquez que ce ne sera pas la première fois de la part de M. Couillard. Mais à ce que je sache, c'est lui qui a mis ça de l'avant. Je n'ai pas eu le sentiment que c'est quelqu'un qui lui avait mis ces mots dans la bouche.»

Le PQ ne s'engage pas è tenir ou à ne pas tenir de référendum. Il propose un livre blanc sur l'avenir du Québec, un projet dont on connaîtrait seulement les détails après l'élection.

Dans le Journal de Montréal ce matin, Jacques Parizeau écrit que l'arrivée de Pierre Karl Péladeau «ramène le vrai débat», celui de la souveraineté, au coeur de la campagne. 

 «M. Parizeau a salué l'arrivée de Pierre Karl Péladeau, qui vient entre autres consolider et crédibiliser notre option, et j'en suis très heureuse», a commenté Mme Marois. «Je m'en réjouis tous les jours.» 

Fédéralisme réformable?

Le fédéralisme est-il réformable? «On a fait la démonstration depuis un moment qu'il était très difficile de le réformer», a répondu Mme Marois.

Est-ce donc difficile, mais pas impossible? «Les preuves jusqu'à maintenant n'ont pas démontré qu'il était possible de réformer en profondeur le fédéralisme», a-t-elle précisé.

La chef du PQ se vante tout de même d'avoir réussi à bloquer des offensives du fédéral, comme les modifications controversées au programme de formation de la main-d'oeuvre proposées par les conservateurs. «Nous avons réussi ce que personne ne pensait que nous pourrions faire», s'est-elle vantée.

Elle promet de continuer de siéger au Conseil de la fédération, une créature de Jean Charest qu'elle voulait abolir. «Il existe, et je ne croyais pas opportun de laisser la chaise vide», explique-t-elle.

Elle rappelle que le gouvernement péquiste y a obtenu l'appui des provinces canadiennes pour faire reculer Ottawa au sujet de la formation de la main-d'oeuvre et pour augmenter la sécurité du transport ferroviaire. 

Bain de foule sans filet

La première ministre a une fois de plus fait un bain de foule sans filet samedi après-midi dans un centre d'achat de Boucherville, dans Montarville. Le candidat péquiste Simon Prévost essaie de ravir cette circonscription à la caquiste Nathalie Roy.

Mme Marois a reçu un accueil positif de la majorité des citoyens, y compris une propriétaire d'un magasin de thé qui s'est réjouie de vivre au Québec, une terre «accueillante». Mais elle a été haranguée par Samar Assoun, une musulmane de 24 ans, étudiante au deuxième cycle en droit international. «Si vous voulez renforcer la langue française, vous devez amener du monde du Maghreb. Ces gens-là c'est des musulmans, des gens qui travaillent fort, et vous devez respecter leurs droits», a-t-elle lancé.

«Tu ne portes pas (le voile), donc il n'y a pas de problème», a répondu Mme Marois, avant de préciser que des juristes réputés, comme l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux Dubé, appuient la Charte.

Louise Mailloux s'excuse

La candidate péquiste dans Gouin, Louise Mailloux, s'être excusée par voie de communiqué pour ses propos sur des pratiques religieuses sur les jeunes enfants. Les parents imposeraient ainsi leurs croyances à des bambins, une attaque à leur liberté de conscience, qu'elle a qualifié de «viol» dans un essai publié en 2011 sur la laïcité.

«Au cours des derniers jours, beaucoup de choses ont été dites autour de paroles que j'ai prononcées dans le cadre du débat sur les accommodements raisonnables. Concernant mes déclarations sur certaines pratiques religieuses, je tiens à dire que je n'ai jamais voulu offenser ou blesser qui que ce soit. Si tel a été le cas, je m'en excuse très sincèrement», lit-on dans le communiqué qu'elle signe.  

« Je suis une militante de la laïcité et, si j'ai décidé de faire le saut en politique, c'est surtout pour défendre le projet de charte des valeurs, qui vise à assurer l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la neutralité religieuse de l'État, et à baliser les accommodements religieux, et ce, dans le respect de toutes les religions.»