Philippe Couillard veut convaincre le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, d'accepter que le caractère distinct du Québec soit reconnu dans la Constitution. Il entend également parcourir le Canada pour vendre son projet s'il est porté au pouvoir.

Vendredi, le chef du PLQ a affirmé qu'il interviendrait auprès des libéraux fédéraux pour qu'ils appuient les principes de l'Accord du Lac Meech. « Bien sûr que je vais faire cette représentation », a-t-il répondu aux journalistes en conférence de presse à Val-d'Or. 

« Ce sera mon devoir comme premier ministre du Québec de le faire auprès de toutes les formations politiques canadiennes, de toutes les provinces et tous les territoires canadiens afin de leur expliquer qu'il s'agit là d'améliorer le pays, non de créer un problème pour le pays, et de le rendre encore meilleur qu'il ne l'est. » Justin Trudeau s'oppose à toute reconnaissance d'un statut distinct pour le Québec dans la Constitution.

Philippe Couillard souhaite que le Québec signe la Constitution sous certaines conditions. Il avait déjà indiqué que son « repère incontournable » est l'Accord du Lac Meech et ses cinq conditions - notamment la reconnaissance du Québec en tant que société distincte.

Mais le chef libéral ne promet pas de prendre l'initiative de relancer des négociations constitutionnelles. Il attend, en quelque sorte, les conditions gagnantes. Il voit poindre un « environnement » propice avec les 150 ans du Canada, en 2017, et les revendications qui émergent ailleurs au pays au sujet du sénat et des Premières nations. Si des discussions constitutionnelles sont lancées sur l'un ou l'autre de ces sujets, un gouvernement libéral exigerait que les demandes du Québec soient obligatoirement à l'ordre du jour pour y participer.

Philippe Couillard a précisé vendredi qu'il entend « rétablir les ponts dès le début » d'un éventuel mandat avec les provinces et Ottawa pour faire la promotion de son projet. « Dans les premiers jours de notre gouvernement, on va parcourir le pays, rencontrer toutes les provinces et tous les territoires canadiens et rencontrer le gouvernement fédéral, d'abord et avant tout pour parler d'économie et d'emploi, et en indiquant chaque fois notre espoir et notre désir que la question du caractère spécifique du Québec soit un jour reconnu pleinement par la Constitution canadienne. »  

Mais le statu quo constitutionnel ne fait pas des Québécois un peuple malheureux selon lui. « Il faut faire reconnaître (le caractère distinct du Québec) mais c'est une légende péquiste qui fait partie de leur monde imaginaire de prétendre que les Québécois sont menacés, humiliés, malheureux. Non. On est un peuple heureux, énergique, rayonnant », a-t-il plaidé.

Hier, sur Twitter, Justin Trudeau a manifesté son appui à Philippe Couillard dans le cadre de la présente campagne. Cette intervention est tout à fait normale selon lui. « Pourquoi les citoyens québécois ne pourraient-ils pas s'exprimer pour la campagne électorale ? Leur dire de ne pas le faire serait anormal », a soutenu M. Couillard. « Ce genre de raisonnement que les influences hors Québec pourraient avoir un impact sur l'élection, ce que ça dit au fond, c'est qu'on ne fait pas confiance au jugement des gens. Les gens sont capables, et très bien, de faire la part des choses », de juger « pourquoi quelqu'un intervient ou d'intervient pas » dans la campagne.

Il a ajouté que « le Parti libéral du Québec est une institution différente, distincte du Parti libéral du Canada. L'élection va se jouer au Québec, par les Québécois, par les partis politiques québécois. »

Marois préoccupée 

Cette ouverture soulève plus de questions que de réponses, selon Pauline Marois. «Je suis absolument estomaquée de voir M. Couillard vouloir se lancer - est-ce que c'est le cas - dans une nouvelle ronde constitutionnelle. Est-ce qu'il est en train de vouloir devenir le capitaine Canada ? Est-ce qu'il a déjà parlé à M. Harper de cette volonté de rouvrir les discussions ? Qu'est-ce qu'il a vraiment à proposer ? Est-ce qu'il va surtout consulter les Québécois ?», s'est-elle demandée en conférence de presse à Repentigny. Selon la chef péquiste, M. Couillard est «un peu difficile à suivre». Elle l'accuse de vouloir «verrouiller le Québec» dans une nouvelle entente sans consulter les Québécois.  



- Avec Paul Journet