Pauline Marois et ses troupes ne s'inquiètent pas de voir Stephen Harper et les autres leaders fédéralistes se préparer à défendre l'unité canadienne. «Je ne ferai aucun commentaire, a dit la chef du Parti québécois. Je crois que nous parlons de politique québécoise, nous sommes capables de nous gouverner.»

Le premier ministre du Canada a rencontré récemment les deux chefs de l'opposition à Ottawa, Thomas Mulcair et Justin Trudeau, pour parler notamment de l'élection appréhendée d'un gouvernement souverainiste majoritaire. Il en a aussi parlé avec quelques premiers ministres des autres provinces canadiennes, a appris La Presse. M. Harper voulait s'assurer que leurs différends ne nuisent pas à la défense du fédéralisme.

«(M. Harper) avoue qu'il n'a pas confiance en Philippe Couillard et aux fédéralistes. Il est aussi déçu de Philippe Couillard que les Québécois en général», a réagi Jean-François Lisée, ministre de la Métropole.

«Les Québécois ont déjà joué dans le film des leaders fédéralistes qui interviennent dans leur débat. Ç'a été le cas en 1995. Des ministres fédéraux ont organisé un grand Love Fest à Montréal, et ensuite, rien ne s'est passé. Aucune des promesses n'a été satisfaite. Il n'y a pas eu plus d'autonomie pour le Québec. Alors je pense que les Québécois ont développé des anticorps face aux interventions des leaders des autres provinces et du Canada», a-t-il ajouté.

Mais les conservateurs ne veulent surtout pas intervenir agressivement dans la campagne. Au contraire, ils resteront officiellement neutres. Ils se contenteront de réagir lorsqu'ils seront directement attaqués par le PQ.

À l'époque du référendum de 1995, Stephen Harper était député du Parti réformiste. Porte-parole en matière d'affaires intergouvernementales, il avait maintes fois pressé le gouvernement Chrétien de fixer des règles plus strictes sur la tenue d'une consultation sur l'indépendance. Et il l'avait sévèrement critiqué pour son manque de préparation après la mince victoire du Non.

Appel aux militants solidaires, et non aux députés

Mme Marois a minimisé l'ouverture faite vendredi soir aux deux députés de Québec solidaire, Amir Khadir et Françoise David. «Je souhaite que tous les souverainistes votent pour des candidats du Parti québécois qui peuvent faire la souveraineté», a-t-elle dit.

Avant la campagne électorale de 2012, M. Lisée avait servi d'émissaire pour Mme Marois afin de vérifier si une alliance ou un pacte électoral seraient possibles avec Québec solidaire. Alors que le leadership de Mme Marois était fragilisé en janvier 2012, l'opération de charme divisait les péquistes. L'aventure a finalement été abandonnée.

M. Lisée a expliqué que l'appel lancé vendredi soir visait les électeurs souverainistes d'Option nationale et de Québec solidaire, et non M. Khadir ou Mme David. «On ne propose pas d'alliance, on ne propose pas de fusion, on propose un grand rassemblement», a-t-il commenté.  

«La porte est ouverte pour venir travailler avec nous, a-t-il poursuivi. (...) Et une fois que tous ces gens-là seront avec nous, bien sûr, si Amir et Françoise veulent suivre leurs militants et leurs électeurs, ils seront les bienvenus.»

- Avec Martin Croteau