Philippe Couillard s'engage à former un conseil des ministres composé d'au moins 40% de femmes, même s'il n'est pas parvenu à atteindre cette cible dans le recrutement de ses candidats.

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, samedi, le chef libéral a également promis d'exiger des sociétés cotées en bourse d'avoir un « plan pour la représentation féminine équitable dans la haute direction et le conseil d'administration ». Mais un gouvernement libéral n'imposerait pas de quotas.

Le PLQ compte 26,4 % de candidates, contre 39,1% au PQ, 23 % à la CAQ et 50% à Québec solidaire. « Est-ce qu'on peut faire mieux ? Oui. Mais je suis très fière de la qualité des femmes qui m'entourent », a affirmé Philippe Couillard, qui était accompagné pour sa conférence de presse d'une dizaine de candidates. Le chef libéral a souligné que Pauline Marois avait à peu près la même proportion de candidates aux élections de 2012 (27,2%).

Il se dit « absolument convaincu » de former, s'il est élu, un conseil des ministres « dans la zone de parité », c'est-à-dire composé « d'au minimum 40% et d'au maximum 60% » de femmes. La zone de parité, « ce n'est pas notre invention, c'est un concept très fermement implanté un peu partout », a dit M. Couillard. Jean Charest a déjà eu un conseil des ministres paritaire, mais pas toujours. « Le conseil des ministres sortant de Pauline Marois, on ne peut pas dire qu'il brille par sa représentation féminine », a dit M. Couillard. On y trouve 34,8% de femmes.

Il a rappelé que le gouvernement Charest a adopté une politique pour que les conseils d'administration des sociétés d'État soient à parité hommes-femmes. Dans le secteur privé, « il y a du chemin à faire », a-t-il dit. « Pour les entreprises cotées en bourse, on n'a que 14% de femmes sur les conseils d'administration. »

C'est pourquoi un gouvernement libéral créerait un programme avec l'Autorité des marchés financiers pour exiger des entreprises inscrites en bourse d'avoir un plan sur la représentation équitable des femmes. Mais il ne fixerait pas d'objectifs précis à atteindre.

La mesure « est incitative sur le résultat, mais coercitive sur le moyen. Il n'y pas de choix : Si on veut être coté en bourse et régi par l'AMF, il va falloir publier chaque année le fait qu'on a un plan, quels sont les objectifs et quel est le niveau d'atteinte des objectifs », a expliqué M. Couillard. Les renseignements seraient obligatoirement contenus dans les rapports annuels. « C'est une méthode qui vise à augmenter assez rapidement (la représentation féminine). Quand c'est public et qu'on n'atteint pas l'objectif ou qu'on na pas de plan solide, ce n'est pas positif, c'est négatif pour les actionnaires. » La mesure existe en Ontario et en Europe, « et elle a eu un impact », a-t-il ajouté. Des pays européens imposent toutefois des quotas à atteindre en fonction d'un échéancier. M. Couillard ne va pas jusque-là.

« On n'arrivera pas du jour au lendemain de 14% à, disons, 45%, mais il faut qu'il y ait un progrès continu », a-t-il dit. L'opération sera facilitée selon lui par le fait que la majorité des étudiantes aux HEC sont aujourd'hui des femmes.

L'idée est dans l'air depuis quelque temps. En avril 2013, un groupe de travail qui avait été créé par le gouvernement Charest a recommandé que « les sociétés cotées soient invitées à prendre un engagement volontaire destiné à améliorer la représentation des femmes dans leur conseil d'administration ». Cet engagement «  devrait indiquer la cible fixée par la société, en termes de pourcentage, et le délai pour l'atteindre », peut-on lire dans le rapport de la Table des partenaires influents, coprésidée par l'ex-ministre libérale Monique Jérôme-Forget et l'ancien président de SNC-Lavalin, Guy Saint-Pierre. La Table recommandait que les sociétés « s'inspirent » des cibles suivantes : 20 % d'ici cinq ans, 30% d'ici 10 ans et 40 % dans 15 ans. 

Le gouvernement Marois a accueilli favorablement les recommandations de la Table. Il a décidé d'inciter les entreprises à divulguer leurs objectifs quant à la place des femmes au conseil d'administration. Mais il ne les a pas obligées à le faire.

Un gouvernement libéral ajouterait également un critère dans les appels d'offres lancés par les organismes et sociétés publics. Lors de l'évaluation, il donnerait des points aux entreprises soumissionnaires de 50 employés et plus qui ont une « politique d'équité » et qui rendent compte dans leur rapport annuel des « mesures prises pour accroître la participation des femmes dans les fonctions de direction ainsi que dans les chaînes d'approvisionnement ».

Marois refuse de se mouiller 

Pauline Marois a refusé vendredi de s'engager à former un conseil des ministres paritaire. La chef du PQ veut augmenter le nombre de femmes au pouvoir. Mais d'autres facteurs doivent être pris en considération, explique-t-elle. En plus d'assurer la représentativité des femmes, il faut aussi représenter les régions et trouver un équilibre entre les différentes formations professionnelles, sans oublier d'avoir une certaine présence des plus jeunes. Et il ne faut pas croire qu'un conseil des ministres non paritaire défavoriserait les femmes, a-t-elle expliqué. «Ça pourrait être (non paritaire) parce qu'il y a plus de femmes que d'hommes.»

- Avec Paul Journet