L'audacieux projet d'informatisation des dossiers santé est un «vrai désastre», croient les adversaires du Dr Yves Bolduc au prochain poste de ministre de la Santé. Sauf que les vraies solutions deviennent floues quand il est question de les mettre sur la table, ont démontré les trois médecins candidats dans la course pour déloger les libéraux lors d'un débat sur la santé, tenu hier, par l'Association médicale du Québec.

Le Dr Gaétan Barrette, candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Terrebonne, est allé jusqu'à dire que le Québec est la risée du reste du Canada en matière d'informatisation. Il faut réajuster le tir pour obtenir un «système panquébécois», a-t-il affirmé, avant de réclamer la paternité de ce projet, lancé en 2001, et qui s'appelait alors Inforoute santé du Québec.

Le Dr Réjean Hébert, ex-doyen de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke et candidat pour le Parti québécois (PQ), a critiqué la perte des compétences au gouvernement dans ce dossier. Selon lui, les libéraux ont «perdu le contrôle». «Il y a un manque de vision totale dans ce dossier. C'est comme aux échecs, il faut prévoir les coups», a-t-il lancé en demandant au Dr Bolduc quand les patients pourront prendre un rendez-vous ou avoir accès à leurs résultats d'analyses en ligne.

Tout en étant d'accord avec les positions de ses deux adversaires, le candidat de Québec solidaire, le Dr Amir Kadhir, a dit que les problèmes ont commencé sous Lucien Bouchard, donc avec le PQ. «On peut faire un parallèle avec ce qui se passe dans les transports, et le recours au privé. On a perdu le contrôle.»

Encore la cible des attaques, le Dr Yves Bolduc a défendu le Dossier santé Québec (DSQ) en expliquant qu'il est maintenant à Montréal, qu'aucun système n'est facile, et que le gouvernement doit l'étendre aux examens médicaux, de laboratoire et de radiologie.

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Le Dossier santé Québec

En 2011, La Presse avait obtenu la liste des contrats, d'une valeur de près de 400 millions, déjà alloués pour ce projet. Quatre ans après le lancement du projet, seulement le quart des contrats était terminé. Bell Canada avait obtenu pour environ 100 millions en achat d'équipement et de services. Le Vérificateur général du Québec a d'ailleurs dénoncé des dépenses inutiles.