Pauline Marois serait devenue première ministre si des élections générales avaient eu lieu cette semaine. Compte tenu de son avance dans l'électorat francophone, un gouvernement majoritaire semblait même à portée de main pour le Parti québécois (PQ).

> En graphique: les intentions de vote

> En graphique: satisfaction envers le gouvernement

> En graphique: impression des chefs

C'est ce que constate un tout récent sondage CROP réalisé pour La Presse. L'enquête, réalisée entièrement par téléphone, a démarré samedi dernier, quand il était devenu clair que Jacques Duchesneau porterait les couleurs de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault. Jusqu'à mercredi soir, pas moins de 1061 entrevues ont été réalisées pour ce coup de sonde, dont la marge d'erreur est de 3 points de pourcentage.

Sur le plan des intentions de vote, l'irruption de l'ancien policier dans la campagne n'a pas eu d'impact, pour l'instant du moins. D'autres facettes de l'enquête laissent prévoir que la CAQ pourra à plus long terme bénéficier de ce candidat-vedette, toutefois. Si des élections avaient eu lieu cette semaine, le Parti québécois aurait récolté 32% des suffrages, contre 29% pour le Parti libéral (PLQ) et 21% pour la Coalition avenir Québec, observe CROP, après répartition proportionnelle des 11% d'indécis. Québec solidaire aurait obtenu 8% des intentions de vote. Le Parti vert et Option nationale de Jean-Martin Aussant ferment la marche avec respectivement 3% et 2%.

Si, globalement, péquistes et libéraux semblent au coude à coude, le portrait change considérablement quand on regarde de plus près les électeurs francophones. Ici, le PQ récolte 38% des appuis, 13 points d'avance sur la Coalition avenir Québec, à 25%. Les libéraux ferment la marche avec 22% dans cet électorat qui décide du sort de la majorité des circonscriptions. Cette avance «substantielle» pour le PQ permet d'affirmer que Pauline Marois l'aurait emporté cette semaine, observe le vice-président de CROP, Youri Rivest. «Un gouvernement majoritaire paraît même à portée de main», ajoute-t-il, en soulignant toutefois la difficulté de prédire l'issue de bien des luttes à trois dans les circonscriptions.

Insatisfaction inchangée

La satisfaction à l'endroit du gouvernement Charest n'a pratiquement pas bougé depuis des mois. On retrouve des résultats similaires aux enquêtes par l'internet menées avant les vacances: 68% des répondants se disent «insatisfaits» du gouvernement et les «très insatisfaits», habituellement moins nombreux, atteignent 36%. Seulement 31% des gens se disent satisfaits du gouvernement - en 2007, quand il avait déclenché les élections d'où il était ressorti minoritaire, 42% des gens étaient satisfaits du gouvernement. «Entrer en campagne électorale avec 31% de satisfaits, c'est très difficile, il faut convaincre des gens qui ne sont pas satisfaits de notre travail», observe M. Rivest.

Par région, la photo des intentions de vote est surprenante. À Québec, château fort présumé de la CAQ, le parti de François Legault obtient 28%, derrière les libéraux, à 33%. Le PQ est troisième, avec 23%. À Montréal, le PLQ domine, avec 37%, tandis que le PQ obtient 24% et la CAQ, 14%. Dans le 450 autour de Montréal, le PQ récolte 35% des appuis, la CAQ 26% et le PLQ 24%. Ces résultats masquent toutefois la force du parti de François Legault dans la couronne nord, observe M. Rivest.

Fondés depuis des décennies, le PLQ et le PQ ont davantage fidélisé leurs électeurs. Dans l'ensemble, 55% des répondants disent que leur choix est arrêté pour le 4 septembre. Ici, 62% des supporteurs du PLQ et 64% des partisans du PQ assurent qu'ils ne changeront pas d'opinion. Seulement 38% des électeurs de la CAQ sont aussi déterminés, une fragilité normale pour un parti si jeune, explique le spécialiste. Globalement, il y a 44% d'électeurs «disponibles» pour qui il est possible de changer d'avis, résume Rivest.

La CAQ est le parti le plus souvent mentionné comme deuxième choix; 46% des péquistes et 41% des libéraux envisageraient d'appuyer François Legault éventuellement. Les caquistes, quant à eux, se voient un peu plus souvent glisser au PQ, dans une proportion de 38%, contre 32% qui envisageraient plutôt le PLQ comme solution de rechange.

François Legault est cependant en terrain solide, avec 60% des répondants, quand il annonce qu'il voterait non à un référendum sur la souveraineté. Cette semaine, 36% des répondants interrogés seulement ont dit souhaiter que le Québec devienne un «pays souverain».

Division sur les droits de scolarité

Après des mois d'affrontement avec les étudiants, 30% des Québécois estiment que le gel pur et simple des droits de scolarité reste la solution la plus appropriée pour régler le conflit. Les Québécois se partagent en trois groupes presque identiques quand vient le temps de suggérer une piste de règlement. Ainsi, 35% des gens sont favorables à une hausse «plus modérée» des droits. Presque autant de répondants, soit 31%, sont d'accord avec une formule semblable au scénario du gouvernement, une hausse de 250$ par année.

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Méthodologie

Un sondage téléphonique probabiliste

La collecte de données téléphonique s'est déroulée du 4 au 8 août 2012. Un total de 1061 entrevues ont été réalisées. Les répondants ont été choisis aléatoirement parmi les personnes de 18 ans et plus résidant dans les ménages sélectionnés, présentes au foyer et aptes à répondre aux questions en français ou en anglais. L'échantillon de ménages a été tiré selon la méthode «probabiliste» parmi les abonnés du téléphone de l'ensemble du Québec. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence ainsi que la langue maternelle. D'un point de vue statistique, un échantillon probabiliste de cette taille (n = 1061) a une marge d'erreur maximale de 3,0 points, 19 fois sur 20. Rappelons que la marge d'erreur augmente lorsque les résultats portent sur des sous-groupes de l'échantillon.