La militante anti-islamiste Djemila Benhabib défend son choix de se présenter dans Trois-Rivières, une circonscription où les questions sur les accommodements raisonnables se posent beaucoup moins que dans le grand Montréal.

«(La lutte à l'islamisme) n'est pas mon principal combat. C'est un combat parmi tant d'autres », a assuré la candidate du Parti québécois. Le sujet est néanmoins au coeur de ses deux essais, Ma vie à contre-Coran (2009) et Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident (2011).

Mme Benhabib dit aussi vouloir parler de l'égalité homme-femme, un principe que le PQ veut inscrire dans une nouvelle Charte de la laïcité.

La candidate annonce que plusieurs autres enjeux la préoccupent, comme la santé. « Moi-même, je n'ai pas de médecin de famille », a-t-elle lancé.

Qualifiée de « parachutée » par ses adversaires, Mme Benhabib insiste qu'elle présente sa candidature avec « modestie ». Elle préfère prendre davantage connaissance des enjeux locaux avant de les commenter.

Mme Benhabib est fonctionnaire au fédéral à Gatineau. Dans un reportage de la station locale de Radio-Canada, deux citoyens critiquaient sa candidature parce qu'elle venait d'ailleurs. « Je n'ai pas l'ombre d'un doute sur la générosité des Québécois, a-t-elle réagi. Ce n'est pas un petit vox-pop qui va me faire changer d'idée (sur les Québécois) ».

Elle ajoute que son parcours parle de lui-même. Née d'une mère chypriote grecque et d'un père algérien, elle a grandi en Algérie. Elle est arrivée au Québec en 1997, à 24 ans. «Seule et en plein hiver », dans un pays dont elle « connaissait presque rien », et « sans réseau et sans argent ».

Cette « terre de liberté » l'a accueillie. Elle dit faire partie aujourd'hui du « nous historique », soit « la majorité francophone ouverte à tous ceux qui veulent s'y intégrer ». « Ce n'est pas banal pour quelqu'un d'établi dans un pays depuis 15 ans de dire nous », a-t-elle insisté.

Lutte serrée

Trois-Rivières est une circonscription réputée plutôt conservatrice, de l'aveu même du PQ. La permanence avait demandé à l'association locale de circonscription d'évaluer la candidature de Léo Bureau-Blouin, ex-président de la FECQ. L'association locale avait bloqué le leader étudiant. «Nous avons évalué que c'était délicat étant donné qu'il n'est pas du comté, qu'il représente une cause qui est controversée et que Trois-Rivières est un comté conservateur», avait alors expliqué Yves Rocheleau, vice-président de l'association péquiste locale.

Trois-Rivières change aussi souvent de couleur. En 2008, la libérale Danielle St-Amand avait gagné par seulement 940 votes. L'adéquiste Sébastien Proulx y avait élu en 2007 avec une avance de plus de 2300 votes d'avance sur le PQ et le PLQ. La dernière victoire du PQ y remonte à 1998. C'est aussi dans cette ville qu'a été élu le premier député juif du Québec, Ezekiel Hart, en 1807.