L'élection d'un gouvernement libéral majoritaire signifie-t-elle la fin d'une très courte carrière du député péquiste François Gendron au poste de président de l'Assemblée nationale?

Question épineuse à laquelle personne n'avait de réponse hier. Moins de 24 heures après les résultats du scrutin et avec une cohorte de députés qui ne reviendront pas siéger avant plusieurs semaines, il y a des réalités plus urgentes à considérer.

N'empêche. L'élection de M. Gendron au poste de président, le 21 octobre dernier, avait tourné au psychodrame. Péquistes et adéquistes s'étaient en effet entendus en coulisses pour le choisir aux dépens du candidat de Jean Charest, le député libéral de Drummond, Yvon Vallières. Les libéraux ne l'avaient pas trouvé drôle.

«Est-il normal que vous-même n'ayez jamais communiqué avec quiconque de notre caucus pour nous informer de votre candidature? Est-il normal que vous ayez joué de subterfuges pour occuper le fauteuil de président de l'Assemblée nationale?», avait demandé M. Charest, visiblement furieux.

Le gouvernement était alors minoritaire. Jamais, depuis 1878, un député de l'opposition n'avait obtenu ce poste. La colère du premier ministre Charest s'est aussi manifestée au moment de la traditionnelle escorte du président élu à son fauteuil. Après avoir serré la main de M. Gendron, il avait refusé de se joindre à Pauline Marois et Mario Dumont pour cette petite cérémonie. Qui plus est, aucun député libéral n'avait applaudi M. Gendron.

Sens du devoir

Coup de fil au bureau de circonscription de M. Gendron à La Sarre, en Abitibi. Visiblement, la bonne humeur règne. Affable, attentionnée, la téléphoniste nous annonce que, quelle chance, M. Gendron est sur place. Quelques secondes plus tard, il est en ligne.

«Je suis un peu fatigué. Je suis dans le jus depuis ce matin», dit-il sur un ton souriant. C'est qu'on a fêté tard ce neuvième mandat (il est élu sans interruption depuis 1976) dans la circonscription d'Abitibi-Ouest.» Et tout le monde veut maintenant féliciter le réélu.

Souhaite-t-il être reporté au poste de président de l'Assemblée nationale? «Professionnellement, il est trop tôt pour discuter de cela», répond-il. Mais il croit avoir l'expertise nécessaire pour continuer. «Mais M. Charest a un gouvernement majoritaire et dans un tel gouvernement, règle générale, le président origine du côté ministériel. Il se peut qu'il en soit ainsi», poursuit M. Gendron.

Il doit également discuter de la question avec sa chef, Pauline Marois. Ici, il fait preuve de sens du devoir, assurant qu'il ira là où on lui demandera de servir.

Au bureau du premier ministre, on dit qu'il est beaucoup trop tôt pour évoquer cette question qui, traditionnellement, fait l'objet d'échanges entre les partis. «Ce n'est pas une question à laquelle nous avons réfléchi», dit Hugo D'Amours, porte-parole de M. Charest. La priorité va à la composition du prochain cabinet.

Quant à Yvon Vallières, il n'a pu être joint.