Trois millions de dollars de placement publicitaire en 33 jours, plus 4 millions de dollars d'envois postaux. Jamais le Directeur général des élections (DGE) du Québec n'a investi autant d'argent pour stimuler le taux de participation.

«On a mis le paquet», résume Marcel Blanchet, directeur général des élections depuis 2000. Et pourtant, à la vue du maigre taux de participation de 57,3%, un seul constat s'impose à ses yeux. «Catastrophique. C'est le qualificatif qui convient le mieux pour décrire le taux de participation. Ça ne s'est pas vu depuis 1927», a-t-il dit hier en entrevue à La Presse.

 

Aux élections générales de 2007, le taux de participation avait atteint 71,2%. Il avait été de 70,5% en 2003.

Comme tout le monde, M. Blanchet explique l'important recul par la «lassitude» des électeurs. «On se souviendra qu'il a y eu des sondages en début de campagne qui montraient que 70% des gens étaient contre les élections, et que beaucoup de gens disaient qu'ils n'iraient pas voter. Pour nous, c'était toute une entrée en matière, tempère le DGEQ. Nous avons donc tout mis en oeuvre pour contrer cette lassitude.»

L'organisme a multiplié les publicités à la radio, à la télé et dans les journaux. «Nous avons aussi écrit des lettres ouvertes dans les journaux», souligne M. Blanchet. Afin de joindre un maximum de jeunes électeurs, le DGEQ a également diffusé quantité de publicité sur Facebook et sur plusieurs autres sites web populaires auprès d'eux.

Examiner de nouvelles avenues

Le DGEQ promet néanmoins d'examiner de nouvelles méthodes de vote qui pourraient raviver la flamme électorale. «Nous regardons par exemple le vote par l'internet, qui a été expérimenté en Estonie et lors d'élections municipales en Ontario», explique-t-il. «Le problème, c'est qu'aucun des systèmes de vote à distance que nous avons observés n'est suffisamment sécuritaire, étanche et crédible pour être utilisé ici», estime M. Blanchet.

L'intégration d'éléments de vote proportionnel, qui a déjà fait l'objet d'un rapport du DGE, sera également étudiée de nouveau. «Malheureusement, ce qu'on constate, c'est que partout où le mode de scrutin a été modifié, il y a eu une hausse de la participation les premières années, mais que cela n'a pas été durable. Après l'effet de curiosité, le taux de participation recule vers son point de départ», affirme M. Blanchet.

Un constat que ne partage pas totalement le politologue Henry Milner, spécialiste des systèmes électoraux à l'Université de Montréal.

«Je ne prétends pas que l'absence de vote proportionnel explique entièrement ce qui s'est produit lundi soir. Mais, quand on regarde aussi le taux de participation aux élections fédérales, qui avoisinait les 60%, on voit bien qu'il y a des problèmes structurels. À mon avis, l'instauration d'un vote proportionnel aurait inévitablement des impacts positifs, ne serait-ce qu'en incitant davantage les électeurs sympathiques aux tiers partis à se rendre voter puisque leur vote ne serait pas 'gaspillé'«, croit le professeur Milner.