«Ça va rentrer libéral», disaient les passants, hier après-midi, au Carrefour Saint-Georges. Ils ont vu juste, à moitié.

Si les libéraux ont reconquis Beauce-Sud, l'ADQ a sauvé Beauce-Nord. Janvier Grondin a obtenu un troisième mandat, en l'emportant devant son adversaire libéral Richard Lehoux. Il a survécu à la «vague libérale» en faisant «sortir le vote». Mais le voilà de retour pour l'ADQ à l'Assemblée nationale en formation réduite. «C'est officiel qu'on perd beaucoup, mais on a un travail à faire comme députés», a-t-il dit à La Presse.

M. Grondin a préféré ne pas commenter à chaud le départ de son chef, Mario Dumont. «On va voir ce qui se passe.»

Dans Beauce-Sud, la bataille a également été serrée. Les partisans de Robert Dutil se pinçaient les lèvres à l'hôtel Georgesville avant l'annonce de sa victoire. Mais vers 21h45, ils ont applaudi le retour en politique de l'ancien ministre sous Robert Bourassa.

M. Dutil a parlé d'une «victoire d'organisation». «Ce n'était pas évident qu'on puisse remonter une telle côte », a-t-il déclaré, faisant référence à l'avance de 9 000 voix de son adversaire adéquiste en 2007.

Il y a six semaines, Robert Dutil a pris tout le monde par surprise en annonçant un retour chez les libéraux, lui qui avait créé un parti, l'Union du centre. Sa famille est très influente dans la région. Les Dutil sont notamment à la gouverne du Groupe Canam Manac.

Dans Beauce-Sud, là où ont dit voter «pour l'homme avant le parti», les gens ont apprécié le travail de Claude Morin. Robert Dutil n'avait que de bons mots pour lui hier soir. «C'est un bonhomme estimé de la population. Le seul problème, son chef ne l'appuie pas. Ce n'est pas sa défaite, mais celle de Mario Dumont.»

«Claude, tu peux marcher la tête haute», a-t-il ajouté.

M. Dutil a des chances d'être nommé ministre, lui qui a déjà été à la tête de plusieurs ministères au cours de ses mandats, de 1985 à 1994. «M. Charest va en décider, a-t-il commenté hier soir. Je lui fais confiance de ce côté-là. Il jugera selon l'expérience de chacun.»

L'homme de 58 ans poursuivra son cheval de bataille, soit de trouver une «solution équitable» au fait que la Beauce ne soit pas reconnue comme une région ressource.