Jean Charest accuse Pauline Marois d'être «irresponsable» en envisageant une coalition avec l'ADQ si un gouvernement libéral minoritaire est élu lundi. Vingt-quatre heures après avoir affirmé qu'une alliance avec Mario Dumont est «possible», la chef péquiste a nié, hier, caresser un tel projet.

«Pauline Marois ne propose rien de moins que de reproduire à Québec la crise qui a lieu à Ottawa. C'est irresponsable», a tonné le chef libéral, de passage à Saguenay.

 

«Il est urgent que la raison reprenne ses droits dans cette campagne électorale», a-t-il ajouté, reprochant à son adversaire péquiste de militer en faveur de «l'instabilité» et de la «chicane». M. Charest s'est défendu d'accréditer lui-même la thèse de l'élection d'un gouvernement minoritaire libéral en commentant ainsi la sortie de son adversaire.

Dans une entrevue au Journal de Québec publiée hier, Pauline Marois n'a pas exclu une coalition avec l'ADQ pour renverser un éventuel gouvernement libéral minoritaire. «C'est sûr que je souhaite avant tout l'élection d'un gouvernement péquiste majoritaire, a-t-elle dit. Reste que c'est possible (...) Qui aurait spéculé avant les événements de cette semaine qu'il puisse y avoir une coalition avec M. Dion, en fait avec le Parti libéral, le NPD et le Bloc?»

Hier, Pauline Marois est revenue sur ses propos. «Au-delà d'ententes tout à fait spécifiques, conjoncturelles, il n'est absolument pas question d'une coalition avec l'ADQ», a-t-elle affirmé.

«Il peut y avoir des ententes particulières. Par exemple, pendant le débat, j'ai invité M. Dumont à travailler avec nous au rapatriement des pouvoirs en matière de culture et de communications.»

De son côté, Mario Dumont ne veut rien savoir d'une coalition avec Pauline Marois si les libéraux de Jean Charest ne parviennent pas à obtenir une majorité lundi. «Je vais exclure cette possibilité pour elle», a-t-il dit dans une entrevue radiophonique.

«Pauline Marois a perdu sa boussole, a ajouté le chef adéquiste en point de presse. Dans la même semaine, elle est rendue à faire une coalition avec Stéphane Dion et elle songe à d'autres coalitions. Je pense qu'il faut que les gens de son parti se réunissent rapidement avec elle et qu'ils la ramènent sur terre.»

Si le PQ se cherche des alliés à l'Assemblée nationale, Mario Dumont lui suggère le Parti libéral du Québec. «Si Mme Marois veut trouver des similitudes avec d'autres partis, qu'elle regarde le programme de Jean Charest. Elle va voir tellement de similitudes qu'elle va peut-être même faire une fusion des partis! De notre côté, nous gardons le cap sur ces idées de changement qui nous unissent durant toutes ces années depuis la fondation de notre parti.»

Si son parti n'est pas porté au pouvoir, Mario Dumont promet d'agir comme opposition responsable. «Chercher à s'entendre avec les autres partis, c'est respecter les résultats d'une élection, dit-il. Quand le peuple vote, ce n'est pas insignifiant. Maintenant, ça se gère dossier par dossier. Que les partis d'opposition s'associent quand le gouvernement fait des folies dans un dossier, c'est bien correct.»

Avec Martin Croteau et Vincent Brousseau-Pouliot