Jean Charest refuse d'intervenir pour empêcher une nouvelle hausse des tarifs d'Hydro-Québec en cette période de ralentissement économique. Le chef libéral laisse à la Régie de l'énergie le soin de décider si cette hausse est justifiée.

La société d'État demande à la Régie de lui permettre de majorer de 2,2% les factures des consommateurs résidentiels et industriels à compter du 1er avril prochain.

«Ça va se débattre devant la Régie. Elle existe pour recevoir les demandes d'Hydro-Québec et pour pouvoir en disposer», a affirmé Jean Charest en conférence de presse, hier. Le chef libéral a refusé de dire si une telle hausse tarifaire est justifiée ou non au moment où, comme il le dit dans tous ses discours, une «tempête économique est devant nous».

Jean Charest a toutefois indiqué que la Régie a le mandat «d'entendre ceux qui sont concernés (par une hausse), de disposer d'une demande d'Hydro-Québec et de le faire dans le contexte d'une économie qui vit en ralentissement». Selon lui, le gouvernement ne doit pas intervenir dans le processus de décision.

Or, l'an dernier, le gouvernement Charest avait adopté un décret pour ordonner à la Régie d'appliquer de façon uniforme, pour l'ensemble des clients d'Hydro-Québec, la hausse de 2,9% qui est entrée en vigueur le 1er avril dernier.

Au cours de la conférence de presse, Jean Charest s'est dit favorable à l'idée de limiter le recours au bâillon, une mesure qu'il a utilisée à cinq reprises pour adopter à toute vapeur des projets de loi controversés. «Des options pour limiter le bâillon, c'est tout à fait approprié», a-t-il dit.

Le gouvernement Charest a imposé cinq fois une motion de suspension des règles de procédure, communément appelée le bâillon. En tout, 23 projets de loi ont ainsi été adoptés à toute vitesse entre 2003 et 2006.

Le gouvernement a eu recours au bâillon notamment pour hausser les tarifs dans les services de garde et imposer les salaires et les conditions de travail des employés de l'État. En décembre 2003, toujours grâce au bâillon, il a adopté huit lois d'un seul coup, dont deux viennent tout juste d'être déclarées inconstitutionnelles par les tribunaux. Elles empêchaient la syndicalisation des éducatrices en milieu familial, entre autres, ce qui est discriminatoire, a jugé la Cour supérieure.

«J'ai vécu une période de gouvernement minoritaire, et ce que je retiens de mon expérience, c'est qu'il faut travailler de manière consensuelle. Les Québécois veulent de toute évidence, et j'y crois, que tous les efforts soient faits dans ce sens-là», a affirmé Jean Charest.

Les libéraux comptent relancer une réforme parlementaire qui prévoit qu'une motion de suspension des règles de procédure ne puisse permettre l'adoption que d'un seul projet de loi à la fois. Un gouvernement ne pourrait plus adopter en bloc plusieurs pièces législatives.

En après-midi, le chef libéral est allé prêter main-forte à son candidat dans La Prairie, Marc Savard, le fils de l'ex-joueur étoile du Canadien, Serge Savard. L'ancien numéro 18 a assisté au rassemblement libéral à Candiac pour épauler son fils. Il n'a pas voulu commenter la campagne électorale. «J'ai hâte de voir les prochains sondages, s'ils vont confirmer les derniers qui étaient des bonnes nouvelles», a-t-il dit. La Prairie est passée du PLQ à l'ADQ l'an dernier. En soirée, M. Charest a fait un arrêt dans Berthier, circonscription devenue adéquiste en 2007.