Jean Charest n'a pas caché une baisse des transferts de péréquation, a reconnu Pauline Marois, hier. Mais elle maintient que les compressions annoncées jeudi par Ottawa coûteront un milliard au Québec, et elle accuse le gouvernement libéral sortant d'avoir plié l'échine devant le fédéral.

L'énoncé économique publié jeudi par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, est limpide, souligne le Parti québécois. Ottawa y annonce que les sommes versées aux provinces par le programme de péréquation seront de 14,2 milliards en 2009-2010, au lieu des 16 milliards prévus. Comme le Québec reçoit 60% de ces sommes, la province se retrouve avec un manque à gagner de 1 milliard, a calculé Mme Marois.

 

La veille, la leader péquiste avait accusé la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, d'avoir masqué ce trou au moment de présenter son énoncé économique, juste avant la campagne électorale. De passage à Gaspé, hier, elle a nuancé ses propos.

«Ils peuvent l'avoir escompté, a concédé Mme Marois, hier. Mais ils ne l'ont pas défendu et ils ne l'ont pas obtenu d'Ottawa.»

Le gouvernement libéral n'aurait jamais dû accepter une baisse d'un milliard dans les transferts fédéraux, dénonce Pauline Marois. C'est la preuve, dit-elle, que Jean Charest n'a aucun rapport de force face à Ottawa.

« (Il) ne réussit pas à négocier correctement avec Ottawa le programme de péréquation, ce qui fait que l'argent sur lequel on aurait compté ne sera pas au rendez-vous», a-t-elle déploré.

Charest nie

Jean Charest a balayé d'un revers de main cette nouvelle sortie de Pauline Marois. Il fait valoir que les 14,2 milliards qu'empochera le Québec en vertu du programme de péréquation constituent une hausse par rapport aux 13,6 milliards reçus en 2008-2009.

«Mme Marois a dit qu'on allait subir des coupes de 1 milliard de dollars, c'est faux», a-t-il affirmé.

Les compressions dans le programme de péréquation entraîneront un manque à gagner de 75 millions pour la province, reconnaît le premier ministre sortant. Mais il affirme que le gouvernement pourra aisément l'absorber.

Le chef libéral s'est défendu de faire preuve de faiblesse devant Ottawa, faisant valoir que les transferts fédéraux ont augmenté de 57% depuis son élection en 2003.

«Mme Marois me reprochait d'être à genoux devant Ottawa, et là, elle me reproche d'avoir été trop debout devant Ottawa, a raillé Jean Charest. Mme Marois dit: il a tellement défendu les intérêts du Québec pendant la campagne fédérale que, semble-t-il, selon elle, on serait pénalisé. Enfin, si elle peut démêler son discours, elle le démêlera.»

Le brouillard change les plans

Après avoir visité une usine de transformation de crevettes à Gaspé, Pauline Marois s'est envolée pour Matane. Mais son avion n'a jamais pu s'y poser à cause de la mauvaise visibilité. L'appareil a donc mis le cap sur Saguenay, où la chef du PQ devait se rendre en fin de journée.