Réclamant à nouveau le dévoilement des chiffres de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le chef de l'ADQ a évoqué, hier, la possibilité de voir les pensions des retraités coupées pour compenser les pertes financières présumées.

Mario Dumont a estimé, de passage dans une résidence pour personnes âgées, que la Régie des rentes du Québec pourrait ne pas être en mesure de remplir ses obligations auprès des travailleurs à la retraite, tant sa capacité financière sera affectée par les déboires financiers de la Caisse de dépôt.

 

«L'argent d'environ trois années de toutes les cotisations de tous les travailleurs du Québec au régime des rentes du Québec s'est envolé. Il ne peut pas ne pas y avoir de conséquences», a dit M. Dumont, qui se défend bien de vouloir faire une campagne de peur.

«Il y a un questionnement qui est réel, a-t-il souligné. Il y a un trou important à la Caisse de dépôt. Ça peut se traduire de deux façons: soit des réductions des pensions qui sont versées, soit des augmentations des cotisations. Ou encore, par un autre moyen, on renfloue la Caisse.»

La veille, le chef de l'ADQ avait dit détenir, dans son cadre financier, la marge de manoeuvre pour privilégier cette dernière option, voulant éviter à tout prix les deux autres.

Selon M. Dumont, le chef du Parti libéral cache la vérité aux Québécois pour des motifs électoralistes. «On est tous conscients que pour Jean Charest, c'est un énorme encombrement dans sa campagne de ne pas rendre publics les chiffres de la Caisse de dépôt et de placement, a dit le chef adéquiste, de passage à Victoriaville. Quand un encombrement aussi énorme, il ne le règle pas, c'est qu'avec ses conseillers, il fait le calcul que la publication des données serait encore plus périlleuse pour sa campagne. C'est la seule explication.»

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, s'est jointe à Mario Dumont pour exiger une fois de plus que Jean Charest dévoile les pertes financières de la Caisse de dépôt, question de «rassurer les Québécois».

«Il y a eu trop de doutes semés, a-t-elle affirmé. Ils ont envoyé le président au front, le PDG est chez lui sur le carreau. Écoutez, il me semble qu'un gouvernement responsable devrait faire la lumière sur ça.»

Pendant que Mario Dumont brandissait la menace d'une baisse des prestations aux personnes âgées, sa rivale péquiste se montrait prudente.

«Je ne veux pas faire d'hypothèses comme celles-là. Je veux avoir la vérité. Ce serait tellement simple que M. Charest rende disponibles les données de la Caisse de dépôt. Comme ça, ça va calmer le jeu.»

Elle craint plutôt que les sociétés d'État dont les fonds sont gérés par la Caisse - comme la Régie des rentes et la Société d'assurance automobile - soient obligées d'augmenter les cotisations qu'elles exigent de leurs clients, en cas de pertes financières majeures.

«M. Dumont et Mme Marois font preuve de la même irresponsabilité sur la question de la Caisse de dépôt et de placement, a souligné Jean Charest en fin de soirée. Ils agissent en minant la crédibilité de la Caisse, alors que la Caisse doit maintenir son autonomie et son indépendance. Je n'ai pas entendu un seul expert se rendre aux arguments de M. Dumont et de Mme Marois.»

Le chef libéral a dénoncé particulièrement les propos de son adversaire adéquiste. «Il s'est rendu dans une maison pour personnes âgées pour leur dire que leurs rentes étaient menacées. C'est une déclaration qui est totalement irresponsable, a estimé M. Charest, qualifiant le geste d'odieux. Je demande à M. Dumont de cesser de faire peur à des personnes âgées, de cesser de nuire aux intérêts du Québec et d'arrêter cette campagne qui ne sert aucun autre intérêt que d'essayer de sauver en quelque sorte sa crédibilité.»

M. Charest soutient que peu importe les pertes à la Caisse de dépôt et de placement, les retraités n'ont pas à craindre une baisse de leurs prestations.

«La Caisse de dépôt a ce qu'il faut pour assumer ses responsabilités envers les gens qui reçoivent de la Régie des rentes du Québec. Les gens peuvent être rassurés», a-t-il souligné, rejetant l'idée de Mario Dumont de renflouer la Caisse, une proposition qu'il juge irresponsable.

«La Caisse se gouverne sur une période de 10 ans. Quand M. Dumont propose une affaire comme ça, il fait la démonstration que, franchement, sur cette affaire-là, il ne sait pas de quoi il parle», a conclu le chef libéral.