Jean Charest refuse de réitérer un engagement de son gouvernement en matière de santé, celui de réduire le temps d'attente moyen aux urgences à 12 heures d'ici 2010.

La Presse a révélé hier que, durant les six premiers mois de l'année, la situation dans les urgences s'est détériorée ou a stagné dans la majorité des régions. Dans les salles d'urgence, le temps d'attente moyen sur civière est de 16,6 heures, à peu près le même qu'au moment de l'arrivée au pouvoir des libéraux en 2003.

 

Au cours de son mandat, le gouvernement Charest s'était fixé comme objectif de ramener ce délai à 12 heures dès 2010. Cette cible est inscrite dans le plan stratégique 2005-2010 du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

L'ex-ministre Philippe Couillard a réitéré à maintes reprises cet engagement. Chaque fois qu'il avait à commenter la situation dans les urgences, il assurait que le gouvernement allait ramener à 12 heures la durée moyenne d'un séjour.

Or, questionné à ce sujet hier, Jean Charest a refusé de renouveler cet engagement. «On va continuer à travailler beaucoup pour diminuer l'attente, s'est-il contenté de répondre en conférence de presse. Il faut continuer les efforts que nous faisons.»

Regrette-t-il que son gouvernement ait pris un engagement irréaliste? lui a-t-on demandé. «Je ne regrette aucun des efforts que nous avons faits au niveau de la santé. On a augmenté le financement du réseau de la santé de 42% depuis qu'on est au gouvernement. La santé représente 43% des dépenses de programme du gouvernement du Québec», a-t-il affirmé.

Des arguments

Jean Charest a indiqué que «600 000 personnes de plus par année fréquentent les salles d'urgence si on compare par rapport à 2003». Selon les données du MSSS, 2 265 991 patients ont été admis aux urgences en 2002-2003, comparativement à 2 898 687 en 2007-2008. C'est 632 696 patients de plus.

Selon M. Charest, des «progrès importants ont été faits au cours des dernières années». «Quatre-vingt-douze pour cent des gens sont opérés dans un délai de six mois, 80% dans un délai de trois mois. Quatre-vingt-dix-huit pour cent sont traités en radio-oncologie dans un délai de quatre semaines», a-t-il dit. Les statistiques qu'il a énumérées ne portaient toutefois pas sur la situation dans les urgences mais, à ses yeux, «tout ça est lié».

Le Parti libéral compte augmenter le nombre de groupes de médecine familiale de 178 à 300. «On a ouvert la machine au maximum pour former des médecins», a noté M. Charest.

«Le problème numéro un du réseau, c'est la pénurie de médecins, d'infirmières et de technologues, et vous connaissez qui a contribué à ce problème», a-t-il ajouté, blâmant l'ancien gouvernement péquiste dont Pauline Marois faisait partie.

La chef du PQ estime que le gouvernement avait pris une «orientation ridicule» et «irresponsable» en se donnant comme objectif de réduire le délai moyen aux urgences à 12 heures. Elle reproche également à Jean Charest d'avoir fait en 2003 des «promesses inconsidérées», comme celle d'éliminer l'attente en santé. Elle ne se fixe toutefois aucune cible de réduction d'attente dans les urgences.

Pour le chef adéquiste Mario Dumont, «M. Charest a déçu les gens en refusant de reprendre des engagements concernant la réduction des temps d'attente. Il semble résigné à ce qu'ils continuent à augmenter».

Au cours d'une visite dans une école secondaire de Sainte-Thérèse, Jean Charest a rappelé que son parti s'engage à réduire de 10% le nombre d'élèves par classe de la troisième année du primaire à la cinquième année du secondaire.

La réduction serait de 20% dans les classes des milieux défavorisés de la deuxième à la cinquième année du secondaire. Quelque 200 millions de dollars seraient investis pour embaucher de nouveaux enseignants.