Mario Dumont revient la charge et somme les libéraux de dévoiler les pertes de la Caisse de dépôt en présentant leur cadre financier cet après-midi.

Les générations futures paieront la note du cadre financier des libéraux, a jugé Mario Dumont, hier. Le chef de l'ADQ estime d'ailleurs que le plan présenté par Jean Charest cache «de mauvaises surprises» aux Québécois, car il ne tient pas compte des pertes de la Caisse de dépôt et placement.

Profitant d'un passage à Québec pour regarder la Coupe Vanier à l'Université Laval, M. Dumont a accusé le PLQ d'endetter la province pour satisfaire ses visées électorales. À preuve, dit-il, les libéraux prévoient augmenter de 4,5% les dépenses du gouvernement. L'énoncé budgétaire présenté la veille de la campagne ne prévoyait qu'une hausse de 3,2%.

«C'est comme si l'excitation d'une campagne, la folie des promesses électorales avaient complètement fait perdre les pédales au gouvernement, a-t-il dénoncé. On entre dans un rythme de dépenses qui n'était pas du tout prévu il y a trois semaines à peine.»

L'Action démocratique est le seul des trois partis qui promet de ne pas alourdir la dette de la province, fait valoir son chef. Le Parti québécois a présenté vendredi un cadre financier qui prévoit des déficits pendant deux ans. En accélérant les dépenses en période de difficultés économiques, les libéraux risquent également d'alourdir le poids de la dette. «Dans les deux cas, ce sont nos enfants qui vont payer pour ces promesses», a accusé Mario Dumont.

Selon le chef adéquiste, le plan Charest est d'autant moins crédible que les libéraux refusent de dévoiler l'ampleur des pertes de la Caisse de dépôt et placement.

«Dans le cadre financier, c'est quelque chose qui est commun avec l'énoncé budgétaire de Mme Jérôme-Forget, les libéraux nous cachent de mauvaises surprises, a-t-il dit. Ils veulent qu'on vote et qu'on apprenne les mauvaises surprises dans les semaines ou les mois qui vont suivre.»

La population est en droit de le savoir, a-t-il martelé pour la deuxième fois en autant de jours. Car des pertes importantes pourraient forcer les déposants de la Caisse - la Régie des rentes ou la Société de l'assurance automobile - à augmenter leurs tarifs et cotisations.

La situation budgétaire de l'État pourrait également souffrir, explique le numéro 2 de l'ADQ, Gilles Taillon, car les fonds mis de côté pour financer les régimes de retraite des fonctionnaires sont administrés par la Caisse. Puisque la province doit le renflouer en cas de pertes, les déboires de la Caisse pourraient coûter une fortune au gouvernement.

«Si on est très conservateurs et qu'on pense qu'il y aura des pertes de 25%, ce qui est en deçà de ce que tout le monde projette aujourd'hui, Mme Jérôme-Forget devra provisionner dans son cadre financier un milliard pour amortir ses pertes dans le fonds d'amortissement des régimes de retraite», a affirmé M. Taillon.

L'ADQ calcule que la Caisse a perdu au moins 30 milliards depuis le début de la crise financière.

Lors d'une conférence de presse exceptionnelle, hier, la Caisse de dépôt a fait savoir qu'elle disposait de 20 milliards en liquidités, assez pour faire face à ses obligations. Mais elle n'entend pas devancer la publication de ses états financiers, prévue en février. Elle affirme vouloir garder la confiance des marchés et des institutions avec lesquels elle fait affaire.

Mario Dumont affirme pour sa part que les dirigeants de la Caisse ont été «conscrits» par le gouvernement libéral.

«Mentir aux Québécois»

Pour sa part, le PQ reproche à Jean Charest de mentir aux Québécois en présentant un cadre financier qui sous-estime et omet plusieurs dépenses.

Lors d'un point de presse, hier, le porte-parole du PQ en matière de finances, François Legault, a notamment cité les places promises dans les centres de la petite enfance et la création de groupes de médecine familiale, pour lesquels le PLQ prévoit moitié moins d'argent dans son budget que le PQ.

M. Legault accuse aussi Jean Charest de mentir à la population lorsqu'il s'engage, s'il est réélu, à ne pas présenter de déficit.

François Legault s'est également inquiété de voir de nouveau le chef libéral faire d'importantes promesses qu'il ne tiendra pas une fois au pouvoir: «Ce n'est pas vrai qu'on va encore se faire avoir comme en 2003, avec des belles promesses qui ne seront pas tenues. M. Charest ne nous fera pas le coup encore une fois en 2008.»

Avec La Presse Canadienne