Le Directeur général des élections, Marcel Blanchet, juge les révélations touchant le financement de l'ADQ dans Beauce-Sud suffisamment troublantes pour déclencher une enquête.

«On a décidé d'aller vérifier par nous même ce qui s'était passé là, a expliqué Denis Dion, le porte-parole du DGE. L'enquête prendra un moment, il ne saurait y avoir de conclusion aujourd'hui», précise-t-il.

En matinée lundi, le bureau du DGE a eu des contacts avec les conseillers de Claude Morin, le député de l'ADQ dans Beauce-Sud, qui incitaient les électeurs à contribuer financièrement à sa campagne électorale.

Aux électeurs qui versaient 400 $, M. Morin promettait un «certificat-cadeau» de 100 $ échangeable à un restaurant de Saint-George, à une station service ou même à la Société des alcools locale.

De cette manière, la contribution ne coûtait rien à l'électeur, faisait valoir M. Morin. Celui qui contribue avec 400 $ a droit au maximum du remboursement d'impôt à ce titre, soit 300 $.

Dans le comté de Beauce-Sud, l'organisateur adéquiste Maurice Bossé renvoyait les questions «au contentieux» de l'ADQ à Montréal. Pour lui, «il n'y a rien d'illégal là-dedans».

Pour le DGE, il faudra d'abord vérifier si les commerces ne faisaient pas de contribution illégale en offrant ces privilèges aux contributeurs. Seules les personnes et non les entreprises peuvent participer au financement d'une campagne. Patrick Robitaille, organisateur adéquiste, expliquait à La Pressehier soir que le candidat remboursait les établissements. Il n'y avait pas de différences entre cette pratique et celle des repas offerts aux contributeurs, monnaie courante chez tous les partis. Or, dans ce cas, il faudra voir si le candidat Morin se faisait rembourser ces gratuités par les fonds publics à titre de dépenses électorales.

Au PQ aussi

On n'entendra pas Pauline Marois dénoncer les «certificats cadeau» de l'ADQ dans Beauce-Sud. Les péquistes du comté avaient la même stratégie. Lors du lancement de la campagne de financement péquiste dans Beauce-Sud, l'organisation avait aussi proposé des certificats de 100 $ pour les donateurs de 400 $, ce qui ramenait à zéro le coût réel de leur contribution.

Ainsi, le PQ offrait des certificats de 100 $ échangeables à l'Auberge Bénédict Arnold, à la Table du Père nature ou «chez l'épicier se son choix». On invitait les gens à communiquer avec Guy-Noel Vachon, le trésorier du PQ dans le comté. Avec cette méthode, les contributions de 400 $ «ne coûtent pas un sou» puisqu'elles sont remboursées à même les fonds publics à 75 % par un crédit d'impôts. Le 100 $ couvre le dernier quart de la contribution, ramenée ainsi à zéro.

L'organisation de M. Morin a enlevé de son site internet toute référence à cette pratique, révélée par La Presse aujourd'hui.

En campagne, Mario Dumont a indiqué que personne ne s'en était prévalu. Il a par ailleurs rappelé que le candidat libéral dans Beauce-Sud, l'ancien ministre Robert Dutil avait lui admis avoir créé le parti politique l'Union du centre, essentiellement pour se financer à même les contributions politiques remboursées à 75 % par les fonds publics. L'ADQ réclame que M. Dutil rembourse les 40 000 $ recueillis en tant que chef de ce parti éphémère, des fonds qui sont à 75 % remboursés par les fonds publics.