Si elle est portée au pouvoir, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, promet que chaque Québécois aura accès à un médecin de famille d'ici cinq ans. Pour cela, il faudrait attirer de 700 à 1000 médecins. Mais elle ne compte pas les payer davantage. Elle entend plutôt «valoriser» la pratique de la médecine familiale auprès des étudiants.

Dans un centre d'hébergement pour personnes âgées de la circonscription de Saint-François, à Sherbrooke, Pauline Marois s'est engagée hier à investir 135 millions de dollars en trois ans afin d'ajouter 150 groupes de médecine familiale (GMF). Le réseau compte actuellement 178 de ces regroupements de médecins et d'infirmières, un projet lancé à la fin de 2002 par l'ancien gouvernement péquiste. Un peu plus du quart des Québécois âgés de plus de 12 ans sont toujours privés de médecin de famille.

 

Selon Pauline Marois, entre 700 et 1000 médecins seraient nécessaires pour créer 150 GMF. Elle souhaite que les étudiants en médecine, qui boudent ce secteur à l'heure actuelle, fassent des stages dans des GMF pour «retrouver le goût de pratiquer cette médecine». «Il n'est pas prévu que nous payions plus la pratique de la médecine familiale», a-t-elle noté en conférence de presse, rejetant ainsi une demande maintes fois répétée par la Fédération des médecins omnipraticiens. Mme Marois était entourée de quatre de ses candidats, tous médecins, dont le Dr Réjean Hébert, doyen de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke. Ce dernier affronte la ministre Monique Gagnon-Tremblay dans Saint-François.

Selon la chef péquiste, les diplômés en médecine seront suffisamment nombreux dans les prochaines années pour permettre la création de ces nouveaux GMF. Le PQ convaincrait également des médecins qui pratiquent déjà de se regrouper et de convertir leurs cliniques en GMF.

Pauline Marois se donne comme objectif que la moitié des 3000 étudiants qui obtiendront leur diplôme dans les quatre prochaines années choisissent la médecine familiale. À l'heure actuelle, environ 45% des résidents font ce choix. Depuis deux ans, environ 20% des postes de résidence en médecine familiale sont restés vacants (plus de 60 par année). Et dans les quatre prochaines années, reconnaît Réjean Hébert, 700 médecins de famille devraient partir à la retraite.

Le ministère de la Santé prévoit quant à lui que, dans quatre ans, les effectifs en médecine familiale compteront 552 omnipraticiens de plus, qui travailleront aussi bien à temps plein qu'à temps partiel.

Les GMF comptent actuellement entre huit et 12 médecins. Un gouvernement péquiste assouplirait certaines règles pour permettre la formation de GMF plus petits. Selon Pauline Marois, des médecins voudraient former des GMF mais ne peuvent le faire en ce moment en raison de règles «un peu trop tatillonnes».

Pauline Marois veut abroger le règlement de la loi 33 sur les cliniques privées. Mais un gouvernement péquiste ne toucherait pas aux ententes qui ont déjà été conclues entre des hôpitaux et des cliniques privées affiliées. L'assurance privée serait maintenue pour les opérations de la hanche, du genou et de la cataracte, mais elle ne serait pas étendue à d'autres services.

Pauline Marois a fait tout un lapsus en conférence de presse en tentant d'expliquer son engagement. «Nous privilégions le système privé!» a-t-elle lancé avant de se corriger: «Euh... public.»

La chef péquiste s'est engagée à maintenir à environ 6% la croissance des dépenses en santé, soit plus d'un milliard de dollars par année, comme l'a fait Jean Charest depuis son arrivée au pouvoir. Mais elle estime que certaines mesures pour rendre le réseau «plus efficace» permettraient éventuellement de réduire la hausse des investissements.

Pauline Marois souhaite «améliorer l'organisation du travail» des infirmières mais elle est réfractaire à l'idée d'accorder des primes.

Après une visite dans la résidence d'un couple de Saint-Jean-sur-Richelieu qui héberge des personnes âgées, la chef péquiste a également promis un investissement supplémentaire de 100 millions de dollars en cinq ans pour les soins à domicile. Cette somme s'ajouterait aux 400 millions déjà prévus par le gouvernement.