S'il n'a pu tenir sa promesse de maintenir les tarifs des garderies à 5$ en 2003, c'est la faute à Pauline Marois, a soutenu hier le chef libéral Jean Charest.

En matinée, la chef du Parti québécois a carrément traité son adversaire de menteur. M. Charest s'était engagé la veille à geler les tarifs des centres de la petite enfance pendant toute la durée de son prochain mandat. Mais pour la leader péquiste, la parole du chef libéral ne vaut pas grand-chose dans ce dossier puisqu'il avait fait la même promesse pendant la campagne électorale de 2003, pour ensuite augmenter les tarifs dès son arrivée au pouvoir.

 

«Pourquoi maintenant croirait-on le nouveau Jean Charest?» a lancé Pauline Marois.

La réplique ne s'est pas fait attendre.

«En 2003, Mme Marois a livré un budget, au mois de mars, qu'elle prétendait équilibré. Mais par la suite, tout le monde a appris qu'il ne l'était pas du tout. Il y avait un déficit de 4 milliards», a dit M. Charest. Selon lui, les péquistes avaient laissé derrière eux «un désastre sur le plan financier».

«On a été pris avec ce que Mme Marois avait caché comme déficit. On a dû prendre des décisions pour faire le ménage dans les finances publiques. On a pris nos responsabilités, on a pris des décisions difficiles», a-t-il ajouté.

Le contexte étant différent cette fois, le chef libéral estime qu'il sera en mesure de remplir son engagement. «La politique familiale que nous annonçons est en lien direct avec notre volonté de soutenir l'emploi et de protéger le pouvoir d'achat des jeunes familles du Québec. Il y a un lien direct avec le fait que nous voulons maintenir les frais de garde à 7$ par jour», a conclu Jean Charest.

Manger québécois

Faisant campagne résolument en territoire adéquiste, en Mauricie et dans le Centre-du-Québec, où il espère faire des gains, le chef libéral a présenté hier son plan pour le secteur agroalimentaire québécois. Il a promis de bonifier considérablement les budgets alloués à la promotion et à la distribution des produits québécois, tant chez les détaillants qu'à l'étranger, avec la création d'un Bureau de promotion des produits alimentaires du Québec. Cette stratégie s'inscrit dans une politique économique qui vise à créer des emplois. L'augmentation de 1% des ventes de produits agroalimentaires québécois aurait pour effet de créer 1800 emplois dans le secteur, estime M. Charest.

«Quand on mange québécois, on fait travailler les Québécois», a-t-il affirmé, rappelant que cet important secteur économique emploie un demi-million de personnes.

Mais le chef libéral a rapidement eu à défendre la gestion de son gouvernement dans l'affaire de la listériose, qui a fait beaucoup de tort à l'industrie québécoise du fromage.

Après la découverte de la bactérie dans certains produits, le gouvernement a fait détruire des milliers de kilos de fromage dans 300 points de vente au Québec. Les producteurs de fromage, les détaillants et les partis de l'opposition avaient vivement critiqué cette approche du gouvernement. La crise a été telle que certains fromagers ont dû fermer leurs portes.

«Quand il s'agit de la sécurité alimentaire, on ne peut pas se permettre de prendre des risques», a dit M. Charest.

La politique agricole, promise depuis longtemps par son gouvernement, n'est par ailleurs pas encore prête, a concédé le ministre de l'Agriculture, Laurent Lessard, qui affirme être en train d'en écrire les premières pages.