Résumons en un mot les défis qui attendent Pauline Marois dans cette campagne électorale: énormes.

Des élections de 1994 à celles de 2007, soit 13 ans, le Parti québécois a perdu 16%. Son nombre de députés est passé, de 1994 à 2007, de 77 à 36.

La dernière victoire électorale du PQ remonte à 1998, il y a 10 ans, sous Lucien Bouchard. Depuis, c'est la lente descente vers la marginalité.

 

Au cours de la dernière décennie, le Parti québécois a eu quatre chefs différents, il s'est déchiré sur la place publique, il a vu une partie de son aile gauche se séparer pour former un autre parti et il a dû mettre la stratégie référendaire au frigo.

Côté sondages, le PQ stagne, au mieux. Il a connu un sursaut il y a un an, atteignant les 35% pour une rare fois en janvier dernier, mais il est depuis retombé autour de 32%, ce qui est sa moyenne depuis deux ans. Le PQ se bat contre une tendance lourde.

Consolation pour Pauline Marois, son parti est revenu en tête des intentions de vote chez les francophones, quoique ce soit encore trop serré avec les libéraux pour espérer une percée décisive dans le 450.

Relancer un parti comme le PQ dans de telles circonstances relève presque du miracle. En ce sens, Pauline Marois est peut-être la personne la mieux placée pour y arriver, elle qui, après tout, ne devait même pas être là.

Mme Marois, humiliée par son parti qui avait rejeté sa candidature pour élire massivement André Boisclair en novembre 2005, avait quitté la vie publique, avant d'être couronnée chef du PQ moins de deux ans plus tard.

Ce retour sur un tapis rouge a permis à Pauline Marois d'imposer ses conditions, dont la mise à l'écart de l'option souverainiste. Cela dit, au PQ, le club des belles-mères n'est jamais très loin et on entend souvent dans ce parti plus de gens critiquer son chef que l'appuyer publiquement.

Pauline Marois devra, au cours des prochaines semaines, rallier les nationalistes qui ne veulent rien savoir d'un référendum et apaiser les souverainistes qui en espèrent un le plus tôt possible. Tout en rassurant les électeurs inquiets de la crise financière.

En un mot: énorme, le défi.



PAULINE MAROIS



 

Parti: Parti québécois (PQ)

Fonction: Chef du PQ

Âge: 59 ans, née à Québec

État civil: Mariée, quatre enfants

Études et profession: Service social (Université Laval) MBA (HEC), coordonnatrice d'organismes communautaires, professeur

Expérience politique: Députée de 1981 à 1985 et de 1989 à 2005. A occupé une vingtaine de charges ministérielles. Chef du PQ depuis juin 2007.

Circonscription: Charlevoix. Élue depuis le 24 septembre 2007 %du vote dans sa circonscription en 2007: 59,2%. Majorité de 4275 voix.

+ Le plus d'expérience au gouvernement parmi les chefs -mais c'est sa première campagne à la tête du PQ. Combine autorité et écoute. Perçue comme pragmatique sur la souveraineté et la social-démocratie

- A irrité une frange de son parti en remisant le référendum. Porte le poids de certaines décisions impopulaires du gouvernement Bouchard.

Bourdes passées: Son projet de loi sur l'identité obligeait quiconque voulait se présenter aux élections à maîtriser le français. Cet aspect controversé a été retiré.

Bon coup: A réussi à positionner le PQ comme défenseur de l'identité québécoise.

Électorat gagné d'avance: Les souverainistes pragmatiques

Électorat qu'elle pourrait aller chercher: Les milieux d'affaires nationalistes séduits par sa redéfinition de la social-démocratie, les nationalistes attirés par le report du référendum

Électorat qui ne votera jamais pour elle: Les fédéralistes de droite

Défis à surmonter ou écueils à éviter: Mobiliser les souverainistes. Éviter les chicanes internes.

Scénario idéal pendant la campagne: Récupérer les électeurs déçus de l'ADQ, s'imposer comme une solution de rechange crédible au gouvernement Charest.

Pire scénario pendant la campagne: Le débat sur la date d'un référendum reprend de la vigueur. Des décisions malhabiles de Pauline Marois.

Fiche préparée par Karim Benessaieh