La Presse publiera au cours de la campagne électorale de grandes entrevues avec les chefs de chacun des principaux partis politiques. Pauline Marois témoigne aujourd'hui de son «problème d'image», qu'elle attribue au sexisme latent. La chef du Parti québécois révèle aussi qu'elle n'hésitera pas à faire des compressions dans certains services publics jugés moins prioritaires afin de maintenir l'équilibre budgétaire de la province en dépit de la crise économique.

Pour maintenir l'équilibre budgétaire, un gouvernement péquiste augmenterait des tarifs, mais pas ceux des services de garde, et ferait des compressions dans certains services publics jugés moins prioritaires.

 

Au cours d'une rencontre avec l'équipe éditoriale de La Presse, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a indiqué que ces mesures seraient vraisemblablement nécessaires afin de réaliser ses engagements sans creuser, comme promis, un trou budgétaire.

«Ce qu'on doit être capable de faire, c'est établir les priorités et mettre l'argent où sont nos priorités», a-t-elle expliqué. «Et à l'occasion de l'établissement de priorités, c'est possible que ça remette en question certains aspects de l'action gouvernementale.»

Selon elle, «un gouvernement Marois maintiendra l'équilibre budgétaire durant la période où il sera en place. Et un gouvernement Marois prendra des décisions et sera responsable».

Ce serait à son avis «complètement irresponsable» de garantir qu'aucune compression ne sera faite dans les services publics. Surtout au moment où le Québec a un déficit accumulé de 5,8 milliards de dollars au 31 mars 2007, selon le vérificateur général, Renaud Lachance.

Au cours d'un point de presse, Pauline Marois a d'ailleurs souligné qu'«il va falloir que quelqu'un casque pour ce déficit» laissé par les libéraux.

Des tarifs seraient revus à la hausse, mais certains seraient gelés, a-t-elle indiqué à La Presse. Elle n'a toutefois donné qu'un seul exemple de tarifs qui ne changeraient pas. Les parents paieraient toujours 7$ par jour pour envoyer leur enfant dans une garderie subventionnée.

Pour ce qui est des tarifs d'hydroélectricité, Pauline Marois a été beaucoup moins catégorique. Elle ne souhaite pas une hausse tarifaire, «cependant, Hydro-Québec est une entreprise qui est en concurrence avec des marchés, qui vend à l'étranger. On va lui laisser faire ses prévisions, ses présentations, et on verra».

Cette déclaration tranche avec les positions exprimées par le PQ encore tout récemment. Le parti a condamné les hausses successives des tarifs d'hydroélectricité, pressant même les libéraux de les suspendre. Le gouvernement péquiste avait décrété un gel en 1998 pour une période de cinq ans. Les libéraux y ont mis fin peu de temps après leur arrivée au pouvoir.

«Mon objectif, ce n'est pas d'augmenter les tarifs. Cependant, il y a des choix qu'on doit faire dans une société. Et à cet égard, mon objectif, c'est que les gens aient réponse à leurs besoins prioritaires: il y en a en éducation, en santé, pour la famille, en économie», a expliqué Pauline Marois. Le PQ dévoilera sa plateforme électorale aujourd'hui.