Les électeurs de Longueuil ont mis fin hier à 27 ans de fidélité au Parti municipal. La chef d'Action Longueuil, Caroline St-Hilaire, l'a détrôné et avait obtenu 53% des votes au moment de mettre sous presse.

Mme St-Hilaire est ainsi devenue la première mairesse élue de cette municipalité de la Rive-Sud de Montréal. La candidate a récolté 33 897 voix contre 30 242 pour son adversaire, Jacques Goyette du Parti municipal de Longueuil (PML).«Nous venons de franchir la première étape de la marche vers le changement tant attendu», a déclaré Mme St-Hilaire peu après sa victoire, devant quelque deux cent partisans réunis dans un restaurant de Longueuil.

«Nous ne vous décevrons pas. Nous allons remettre la ville à votre service. Nous reprendrons le chemin de l'éthique, de l'intégrité et de la transparence», a ajouté la nouvelle mairesse.

Caroline St-Hilaire, qui a été députée du Bloc québécois dans Longueuil-Pierre-Boucher pendant 11 ans, a fait le saut en politique municipale il y a à peine six mois.

En devenant chef d'Action Longueuil, Mme St-Hilaire, 40 ans, voulait mettre fin au règne du PML. Avant l'élection d'hier, 23 conseillers de la Ville de Longueuil étaient du PML alors que seulement trois conseillers étaient indépendants.

Malgré la défaite de M. Goyette, le PML continuera tout de même d'être très présent à l'hôtel-de-ville en ayant mis la main sur la majorité des postes de conseillers hier soir. Loin de s'en contrarier, Mme St-Hilaire a plutôt tendu la main à ses nouveaux accolytes et a répété que la victoire qu'elle vient de remporté «c'est la victoire de la démocratie».

La campagne électorale a été relevée à Longueuil. Les deux candidats à la mairie ont multiplié les attaques au cours des dernières semaines.

Alors qu'il reprochait principalement à M. Goyette de «manquer de transparence et d'éthique», Action Longueuil a promis d'apporter du changement à Longueuil et de ramener l'éthique à l'hôtel de ville. Mme St-Hilaire a aussi répété sa volonté de construire un métro de surface à Longueuil et d'offrir le transport gratuit aux citoyens de 65 ans et plus.

Fin de règne

Jacques Goyette, dont le Parti municipal de Longueuil était fort de 27 années consécutives de pouvoir, avait organisé sa soirée électorale dans la grande salle de la Place Desaulniers, où 900 personnes avaient fêté la victoire écrasante de Claude Gladu, il y a quatre ans. Mais ils n'étaient pas plus de la moitié, hier soir, à assister à la fin de règne du PML.

«M. Goyette bénéficiait d'une notoriété moins grande que Mme St-Hilaire, a expliqué le représentant officiel du PML, Normand Messier, quand les premiers résultats ont été annoncés. Mais au fil de la campagne, on sentait dans nos sondages que ça changeait, et que M. Goyette dépassait même Mme St-Hilaire. C'est pourquoi nous sommes un peu surpris des résultats.»

Le maire sortant Claude Gladu a accueilli avec amertume le verdict des électeurs. «Je le prends mal, très mal. J'ai de la difficulté à comprendre. On a administré la ville de la bonne façon dans les dernières années. C'est un vote Bloc québécois, je crois que les gens n'ont pas fait la différence entre le fédéral et le municipal.»

Les partisans du PML ont quand même trouvé matière à festoyer avec les conseillers élus qui sauveront la majorité du parti. Le PML comptait 23 sièges de conseillers sur 26 avant l'élection. Il en conservera au moins 16.

Jacques Goyette, vice-président du comité exécutif depuis son entrée en politique il y a quatre ans, n'avait toujours pas pris la parole devant ses partisans au moment de mettre sous presse.

Selon des données partielles, le taux de participation a été de 38,2 %, soit sensiblement au même niveau qu'en 2005.