La controverse qui entoure la construction d'un centre de transbordement des déchets à Longueuil se transporte dans les Laurentides. La firme RCI Environnement, qui pilote le projet sur la Rive-Sud, souhaite enfouir des déchets qu'elle y transformera à Lachute, soulevant des craintes chez certains élus municipaux.

Le projet est chaudement débattu à Longueuil. Le maire sortant Claude Gladu avait assuré qu'aucun centre de transbordement ne verrait le jour dans sa municipalité à la fin août. La Ville a pourtant délivré un permis autorisant la Fiducie Remdev à entreprendre les travaux 10 jours plus tard. Des citoyens ont contesté le projet, mais un juge a autorisé la poursuite de la construction la semaine dernière.

 

Des documents montrent maintenant que l'entreprise projette d'expédier les résidus qu'elle traitera à Longueuil de l'autre côté du fleuve jusqu'au lieu d'enfouissement de Lachute. Ce site est exploité par Gestion environnementale Nord-Sud (GENS) qui, comme RCI Environnement, appartient à la famille Rémillard.

Des bons de pesée de GENS, qui datent du début septembre, indiquent d'ailleurs que les résidus de Longueuil cheminent déjà vers le site.

«Ce qui apparaît clairement dans les documents, c'est que le projet de RCI est de prendre les déchets de la Ville de Longueuil, et peut-être des villes autour, et de les acheminer au site de Lachute», affirme Christine Duchaine, une avocate qui représente des citoyens de Longueuil opposés à la construction du centre de transbordement dans cette ville.

L'avocate affirme qu'un tel projet contrevient au décret gouvernemental qui autorisait l'agrandissement du site d'enfouissement en 2003, et au Plan de gestion des matières résiduelles de la MRC D'Argenteuil. La raison: on prévoyait alors que le site recevrait pour l'essentiel des déchets de l'ouest du Grand Montréal, et non de la Rive-Sud.

Rassurante

RCI Environnement se fait rassurante quant à ses intentions. Elle convient qu'une partie des déchets traités à Longueuil se retrouveront à Lachute, mais pas tous. L'entreprise souhaite plutôt répartir les résidus dans les différents lieux d'enfouissement du Grand Montréal.

«Ce n'est pas aussi simple que de dire: «on construit à Longueuil et tout va à Lachute», affirme le vice-président de RCI Environnement, Jean Beaudoin. Éventuellement, ça peut être cela. Mais ce n'est pas l'objectif.»

Malgré tout, le projet provoque une levée de boucliers dans le secteur.

«Le site de Lachute n'a pas été fondé pour aller chercher des déchets à Longueuil et à Montréal, affirme Denis Lavigne, maire de Saint-Placide. C'est un site qui a été fondé pour offrir un service des citoyens de quatre villes, et peut-être servir à certaines autres villes.»

M. Lavigne est aussi l'un des administrateurs de la Régie intermunicipale Argenteuil-Deux-Montagnes, le regroupement de quatre villes qui possède le terrain sur lequel se trouve le site de Lachute. Cet organisme a cédé à GENS le droit d'exploiter le site en 2006, ce que Saint-Placide conteste devant les tribunaux.

À Lachute aussi, certains candidats à la mairie s'inquiètent. «On ne veut pas devenir la poubelle du Québec», affirme Denis Sabourin.

Le maire sortant, Daniel Mayer, est aussi président de la Régie intermunicipale. Il affirme que les craintes exprimées par ses adversaires sont exagérées. Car la loi empêche le site d'enfouissement de recevoir plus de 500 000 tonnes de déchets par année. «Le volume maximal qui est autorisé, c'est 500 000 tonnes par année, explique-t-il. Les déchets peuvent venir de n'importe où, ils ne peuvent excéder ce volume.»