L'aéroport de Saint-Hubert est sous le contrôle de l'agglomération de Longueuil depuis vendredi. Alors que le candidat à la mairie Jacques Goyette se réjouit de la situation, des entreprises qui travaillent à l'aéroport questionnent la légalité de l'opération et déplorent que celle-ci se soit faite dans le secret.

En 2004, Transports Canada a confié la gestion de l'aéroport de Saint-Hubert à un organisme à but non lucratif, Développement de l'aéroport de Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L). Si la Ville de Longueuil avait voulu gérer l'aéroport, un décret ministériel de Québec l'y autorisant aurait été nécessaire.

 

C'est donc DASH-L, dont le conseil d'administration était constitué de 11 membres, qui contrôle l'aéroport depuis 2004. Mais vendredi dernier, DASH-L a décidé d'abolir deux des postes sur son conseil d'administration. Ces deux représentants étaient nommés par la chambre de commerce. Aujourd'hui, cinq des neuf membres du conseil d'administration de DASH-L sont nommés par l'agglomération de Longueuil, qui détient ainsi la majorité des voix.

Promesse tenue

Au début de la présente campagne électorale, M. Goyette avait pris l'engagement de «prendre le contrôle de l'aéroport». «On est maintenant en bonne position afin que le développement de l'aéroport se fasse dans le respect des citoyens et des écoles de pilotage», dit aujourd'hui M. Goyette, qui est aussi le vice-président sortant du comité exécutif de Longueuil.

À DASH-L, on assure que M. Goyette n'a pas à lui seul provoqué le changement de situation. «On a parlé à Longueuil. Mais on voulait simplement que notre futur investisseur principal soit mieux représenté au sein de notre conseil d'administration», soutient le président de DASH-L, Jacques Spencer. En effet, la Ville de Longueuil, qui est en train d'acheter 11 millions de pieds carrés de terrain à DASH-L, est en voie d'en devenir le principal investisseur.

Tractations en secret

Les propriétaires de sociétés actives à l'aéroport, comme les écoles de pilotage et les entreprises d'entretien mécanique, déplorent que les tractations entourant la gestion de l'aéroport se soient faites dans l'ombre. «Quelle a été l'influence politique là-dedans? Pourquoi les représentants de la chambre de commerce ont-ils été remplacés? On ne sait pas», déplore le président d'Aéro Teknic, Pascal Gosselin.

Le président d'une société qui préfère garder l'anonymat se demande aussi si la prise de contrôle par Longueuil est légale. Car le 19 août dernier, le directeur des services juridiques de Longueuil, Daniel Carrier, a envoyé une lettre au Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes.

Dans cette lettre, Me Carrier demandait si le fait que DASH-L soit maintenant «un organisme sous contrôle municipal» devait «faire l'objet d'un décret».

Le responsable des communications à Longueuil, François Laramée, affirme que le Secrétariat a rencontré la Ville au début du mois de septembre et a assuré qu'aucun décret n'était nécessaire.

La responsable des communications du Secrétariat, Marie-Claire Ouellet, confirme qu'une rencontre a eu lieu.

Elle ajoute toutefois que «la décision n'a pas encore été arrêtée». «A-t-on procédé aux changements à DASH-L sans avoir eu d'opinion juridique? Si oui, c'est curieux», note M. Gosselin.