Signe que l'éthique n'est pas un dossier chaud qu'à Montréal, la Ville de Terrebonne menace de poursuivre un candidat de l'opposition après qu'il eut laissé entendre qu'un appel d'offres aurait pu être truqué. La raison du désaccord: une faute de frappe.

Renouveau Terrebonne, qui tente de déloger le maire sortant Jean-Marc Robitaille, a diffusé un communiqué, mercredi dernier, dans lequel il remettait en question l'attribution d'un contrat de déneigement par la Ville en 2004. Le parti s'interrogeait à savoir si les deux entreprises qui ont répondu à l'appel d'offres s'étaient concertées pour fixer le prix.

D'après le procès-verbal de la réunion du conseil municipal, il semble que la Ville a retenu les services de la firme Excavation Sylvain Beauregard et fils pour une somme de 1 892 272,64$. L'autre entreprise dans la course, le Groupe Benoit, a déposé une soumission de 1 216 272,64$.

«Est-ce que le fait que les montants finissent tous deux par 272,64 est le fruit du hasard? pouvait-on lire dans le communiqué. 1 chance sur 100 000 ou est-ce qu'il y a un code?»

Le parti du maire Robitaille n'a pas répondu au communiqué. C'est plutôt la Ville de Terrebonne qui a embauché une firme d'avocats pour expédier une mise en demeure au candidat de l'opposition Sylvain Lessard. Elle l'accuse d'avoir insinué que des fonctionnaires ont participé à une décision frauduleuse, et le somme de se rétracter.

Des documents municipaux que La Presse a obtenus indiquent que la valeur de la soumission du Groupe Benoit était de 1 216 681,96$ et non de 1 216 272,64$. À la Ville de Terrebonne, on indique qu'une faute de frappe est à l'origine du chiffre qui s'est retrouvé au procès-verbal du conseil municipal.

L'administration a également produit un rapport d'inspection qui disqualifiait la soumission du Groupe Benoit, pourtant moins chère, car l'équipement de déneigement de la firme était en mauvais état.

Un contexte de scandales

«On induit ni plus ni moins qu'il y a de la collusion, du favoritisme et de la fraude, a indiqué l'avocat de la Ville, Marc-André LeChasseur. On a vu récemment tout ce qui se passe: c'est une période plutôt faste en matière de scandales municipaux. Alors, il y a un contexte qui se prête à cela.»

Le chef de Renouveau Terrebonne, Sylvain Lessard, n'entend pas se rétracter.

«Il n'y a rien de diffamatoire, on a seulement posé des questions, a-t-il indiqué. On ne mettait aucunement en doute le travail des gens en place. On ne se laissera pas intimider pour autant.»