Les candidats de Vision Montréal ont eu un dur lendemain veille, hier, 24 heures après le départ fracassant de leur ancien numéro deux, Benoit Labonté. Tandis que de nouvelles révélations faisaient surface au sujet du démissionnaire, les ténors du parti de Louise Harel n'ont pas caché leur déception à l'égard de l'ancien chef de l'opposition.

«Ça pourrait aller mieux, a convenu d'entrée de jeu la mairesse sortante de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Lyn Thériault. C'est une bombe pour nous et on n'avait pas besoin d'une nouvelle pareille.»

 

La candidate dans le district de Louis-Riel concède que Vision Montréal sort «écorché» par les révélations qui ont mené à la chute de M. Labonté. Comme ses collègues, elle reste persuadée que les reportages diffusés dans différents médias depuis vendredi sont le fait d'un «magouillage» piloté par des adversaires de l'ancien maire de Ville-Marie.

«C'est ça qui est triste, a-t-elle affirmé. Les citoyens se disent qu'un parti ou un autre, c'est du pareil au même. Tout ça alors qu'on essaie de démontrer qu'on peut faire une campagne propre.»

Louise Harel a exigé la démission de Benoit Labonté, dimanche matin, après que des médias eurent révélé ses liens avec des entrepreneurs de la construction. RueFrontenac.com, Radio-Canada et TVA ont rapporté qu'il a reçu des dons de dizaines de milliers de dollars pendant sa course à la direction de Vision Montréal. Et qu'il a eu plusieurs contacts avec Tony Accurso, l'entrepreneur qui se trouve au coeur du scandale des compteurs d'eau.

RueFrontenac.com en a ajouté, hier, révélant que l'ancien lieutenant politique de Louise Harel a attribué pour 125 000$ de contrats à l'entreprise dirigée par un proche collaborateur de Benoit Labonté, Michel Petit.

«Tout le monde a été déçu, tout le monde est fâché, tout le monde s'est dit: ça se peut pas, a reconnu Anie Samson, mairesse sortante de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. On est tous tombés à la renverse.»

La candidate relate qu'elle a d'abord été réfractaire à l'arrivée de Benoit Labonté dans les rangs de Vision Montréal. Mais elle dit avoir tissé une relation de confiance avec lui.

Malgré tout, elle se dit déçue de la façon dont son ancien collègue a géré la crise des derniers jours. Au départ, elle a cru M. Labonté lorsqu'il a nié ses liens avec Tony Accurso, puisque les reportages étaient basés sur des sources anonymes.

«Entre la parole d'un inconnu et la parole de quelqu'un que tu connais, tu veux croire le second, a-t-elle dit. Mais lorsqu'on a vu les preuves, les relevés téléphoniques, ça ne ment pas. Ça a été le choc. Ça aurait été tellement plus simple s'il avait dit: «Oui, je lui ai parlé.»»

Les candidats de Vision Montréal se disent toutefois rassurés que Louise Harel ait exigé la démission de Benoit Labonté moins de 48 heures après les premières révélations sur les sources de financement de sa campagne à la direction. «Mme Harel a pris une bonne décision, a affirmé Lyn Thériault. On ne peut pas prêcher d'être transparent si l'on ne donne pas l'exemple.»

 

15 000 bulletins à réimprimer

Le retrait inattendu de Benoit Labonté force le Bureau des élections de Montréal à réimprimer 15 000 bulletins de vote, quelques jours avant le début du vote par anticipation. La loi obligeait le président d'élection de la Ville, Me Yves Saindon, à modifier les bulletins afin d'en retirer le nom du candidat démissionnaire de Vision Montréal. Le Bureau a d'abord jonglé avec l'idée de rayer manuellement le nom de M. Labonté sur chaque papier. Mais son imprimerie a finalement accepté de fournir les documents à temps pour le début du vote par anticipation, dimanche prochain. Les électeurs du district de Sainte-Marie, dans l'arrondissement de Ville-Marie, recevront donc une nouvelle carte de rappel qui comportera une mise à jour de la liste des candidats.