Au lendemain du congédiement de son bras droit, Louise Harel estime que l'entourage du maire est responsable des informations qui ont permis aux médias de démontrer les liens entre Benoit Labonté et l'homme d'affaires Tony Accurso.

Le débat de Radio-Canada réunissant les trois principaux candidats à la mairie de Montréal a été suivi d'un point de presse au cours duquel le scandale entourant le départ de Benoit Labonté a été au coeur des échanges avec les médias, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, accusant l'entourage du maire de Montréal, Gérald Tremblay, d'avoir orchestré ce scandale. 

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Elle a déclaré que Pierre Vaillancourt, un responsable de financement qui a travaillé avec Benoit Labonté lors de sa course à la direction au printemps 2008, avait eu récemment des contacts avec Union Montréal. Un reportage portant sur le sujet pourrait bientôt être diffusé à Radio-Canada.

«Pierre Vaillancourt s'est présenté au bureau du Directeur général des élections du Québec et il a communiqué avec la directrice de campagne de Vision Montréal, Irène Marcheterre, et il lui a fait valoir qu'il avait été convoqué à une rencontre avec Mme Christiane Miville-Deschênes qui, comme on le sait, est aux communications du maire, et avec une troisième personne qu'il n'a pas nommée, a dit Mme Harel.

À l'occasion de ces rencontres, Mme Christiane Miville-Deschênes lui enjoignait de témoigner sous cagoule sur le financement de M. Labonté et brandissait également l'agenda électronique de M. Labonté. Ce témoignage a même été enregistré ici à Radio-Canada. Nous serons donc en mesure d'exiger que le maire fasse le ménage dans son entourage.»

Jointe par La Presse, Christiane Miville-Deschênes a nié être pour quoi que ce soit dans cette affaire. «Je travaille avec le maire pour le préparer aux débats, dit-elle. Je nie être allée à Radio-Canada sauf pour le débat ce soir. Je nie avoir demandé (à Pierre Vaillancourt) de témoigner sous une cagoule. Je ne suis pas derrière les révélations sur Benoit Labonté. Comment j'aurais pu avoir son agenda électronique ! Je ne connais même pas le journaliste de RueFrontenac.com.»

Débat

Durant le débat, Louise Harel avait reproché au maire Tremblay d'avoir accepté des dons anonymes de 7000 $ par mois pendant les quatre ans de son mandat, insinuant que son administration avait prêté le flanc au trafic d'influence.

Défié par Mme Harel sur cette question, le maire n'a pas répondu. La cacophonie s'en est mêlée et comme Richard Bergeron tentait de participer à ce débat, Mme Harel lui a lancé : «Vous n'avez pas le monopole de la vertu.»

Les trois candidats ont poursuivi leurs échanges en convenant que des modifications à la loi étaient nécessaires en ce qui a trait au financement des partis, un message destiné au gouvernement du Québec. Mais les choses se sont envenimées quand Mme Harel a accusé l'entourage du maire d'être impliqué dans les scandales récents. Le maire a rétorqué que Mme Harel «salissait les autres», avant de dire pour autant qu'il sache, il n'avait pas été informé de quoi que ce soit sur le sujet et qu'il n'y avait rien de plus important que son intégrité.

Le porte-parole du maire, Martin Tremblay, estime que Mme Harel cherche à faire diversion afin d'éviter de s'expliquer sur les récentes allégations entourant Benoit Labonté.

«Aucune explication ou réponse n'a été donnée à ce sujet-là; elle se contente plutôt de nous attaquer», a dit Martin Tremblay.

Cacophonie et convergence

Le débat a été marqué par certains moments cacophoniques, mais aussi par des interventions qui montraient que les candidats pouvaient être d'accord sur certains points, notamment les péages routiers et la réduction de la circulation automobile à Montréal.

Trois thèmes de débat avaient été définis : l'avenir de Montréal, les services aux citoyens et les questions d'éthique et de gouvernance. L'animateur de Radio-Canada, Patrice Roy, a commencé avec une affirmation qui a choqué le maire Tremblay, en disant que «la réputation de Montréal est amochée». Le maire s'en est défendu en disant que l'économie «va très bien» à Montréal, citant ensuite quelques statistiques.

Très à l'aise dès le départ, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a dit que les téléspectateurs avaient sous les yeux «deux conceptions opposées» aux siennes, disant que son parti était financé exclusivement par la population alors que Vision Montréal et Union Montréal l'étaient «par des réseaux douteux».

Louise Harel a pris la balle au bond en disant que son projet était d'abord que la population retrouve confiance en son administration municipale, et en ajoutant : «Ma réputation est sans tache. Le maire, lui, a été obligé de congédier tout le monde autour de lui, sauf lui-même.»

Le maire a alors déclaré que son administration avait fait des gestes concrets, donnant en exemple l'implantation des vélos Bixi.

Richard Bergeron a ensuite critiqué l'exode des familles hors de Montréal, à raison de 10 000 par année, a-t-il dit, ajoutant que sa stratégie de transport et d'habitation créerait une mobilisation dans la ville, lorsque Patrice Roy a demandé aux candidats d'évoquer un projet prioritaire.

Quand Gérald Tremblay a cité le Quartier des spectacles, il s'est fait dire par Patrice Roy que le projet était déjà en cours, Richard Bergeron faisant la même observation.

Le maire a ensuite vanté les réalisations de son administration en matière d'investissements en infrastructures. M. Bergeron a dit que, lui, ne referait pas les rues pour rien, mais y ajouterait des tramways et embellirait les rues.

Comme Louise Harel, M. Bergeron a dit vouloir ramener à la ville centre la responsabilité du déneigement, pour plus d'efficacité.

Quand le maire Tremblay a dit à Richard Bergeron qu'il était «impossible» de réaliser 33 km de tramways d'ici 2012, le chef de Projet Montréal a rétorqué : «Ça vous est impossible à vous.»