À peine six mois après s'être sabordé parce que des témoins l'avaient impliqué dans un stratagème de financement illégal et de collusion à la commission Charbonneau, le parti d'opposition de Longueuil pourrait renaître de ses cendres sous un nouveau nom : plusieurs de ses têtes d'affiche sont candidats indépendants aux élections et un leader de la formation a confirmé à La Presse qu'il souhaite les réunir au sein d'une coalition après le scrutin. S'ils sont assez nombreux, ils pourraient techniquement ravir la majorité au conseil à la mairesse sortante Caroline St-Hilaire.

Au pouvoir à Longueuil sous le règne des anciens maires Jacques Olivier et Claude Gladu, de 2001 à 2009, le Parti municipal de Longueuil (PML) avait été délogé en 2009 par Mme St-Hilaire et son équipe. Il était dans l'opposition lorsque, l'hiver dernier, il a été attaqué par deux témoins à la commission Charbonneau.

Rosaire Sauriol, ancien vice-président de la firme Dessau, et Yves Cadotte, ancien vice-président de SNC-Lavalin, ont révélé que le PML avait été financé illégalement en argent comptant par des firmes de génie « collusionnaires » en échange de contrats. M. Cadotte prétend avoir versé lui-même des dizaines de milliers de dollars en argent comptant pour les campagnes des anciens maires Gladu et Olivier.

Par ailleurs, une enquête de La Presse avait démontré en décembre dernier que le PML avait reçu pendant des années jusqu'à 90 % de son financement officiel sous la forme de dons de 1000 $, le maximum permis par la loi à l'époque. Une performance inusitée qu'aucun parti municipal n'avait réussie dans l'histoire du Québec. Après la création de l'escouade Marteau et de la commission Charbonneau, le financement du PML s'était effondré.

Le PML est officiellement disparu de la carte en avril dernier. Son chef, Gilles Grégoire, avait estimé que sa présence à la prochaine campagne empêcherait « un processus électoral sain ».

« Je ne permettrai pas en toute conscience qu'une campagne électorale se fasse avec des soupçons aussi graves qui pèsent sur ma formation politique », avait-il déclaré, en annonçant la mise en veilleuse du parti.

Aucune formation politique enregistrée n'a donc mené campagne contre la mairesse Caroline St-Hilaire cette année. Officiellement, du moins. Car sur le terrain, l'ombre du PML se profile toujours.

Huit candidats indépendants

Pas moins de huit candidats indépendants aux élections sont des anciens du PML, dont deux membres de la famille de l'ancien maire : son fils Claude et son neveu Robert. C'est aussi le cas du candidat indépendant à la mairie, Pardo Chiocchio.

Robert Gladu confirme maintenant qu'après le vote, il souhaite unir les indépendants au sein d'une coalition. À Longueuil, il suffit de huit conseillers pour obtenir la majorité au conseil municipal.

« Si on gagne, soyez assuré que je vais faire une coalition des indépendants. On va tout faire pour rassembler les gens et bâtir une équipe. L'important, c'est d'avoir une opposition, il va falloir avoir une équipe en place », a-t-il déclaré à La Presse.

Les membres et les idées de cette équipe pourraient être les mêmes qu'au PML, mais le nom, lui, sera différent, assure-t-il. « Ça ne sera pas le PML. Le PML va être enterré, c'est clair et net », dit-il.

Robert Gladu affirme que la disparition du PML a laissé l'administration de la mairesse St-Hilaire sans contrepoids. « Dans mon district, par exemple, l'équipe de la mairesse a pesé de tout son poids contre moi. C'est David Gladu contre Goliath St-Hilaire », dit-il.