Mélanie Joly qui offre un emploi à son adversaire Marcel Côté, qui se montre plus mordant que jamais. Denis Coderre qui se présente comme le «catalyseur» et le «rassembleur», et Richard Bergeron qui nargue les autres partis pour leur manque d'ambition.

Pour leur cinquième débat, cette fois sur le thème des ambitions internationales de Montréal, organisé hier, les quatre principaux candidats à la mairie ont évité les hostilités ouvertes. Ils ont souvent choisi la voie de l'humour pour proposer, chacun à leur façon, des solutions pour mieux faire rayonner Montréal sur la scène internationale.

Le consensus, d'abord: tous s'entendaient pour admettre que Montréal a toute une pente à remonter, après les révélations sur la corruption qui l'a rongé depuis des décennies.

Mélanie Joly a notamment fait sourire l'auditoire de quelque 350 personnes en se décrivant comme «une bonne vendeuse qui sait former de bonnes équipes»... avant de proposer à Marcel Côté de se joindre à son administration si elle est élue. «Je suis prête à m'entourer de personnes d'expérience comme M. Côté, pour développer le plein potentiel de Montréal», a-t-elle expliqué par la suite en point de presse.

Mme Joly, qui a hérité d'une deuxième place inattendue dans le dernier sondage CROP, a martelé que la métropole devait «avoir un maire qui représente le Montréal qu'on veut». «Montréal est jeune, vibrante, prête au changement», a-t-elle précisé devant les journalistes.

Fort de son expérience d'économiste, Marcel Côté a semblé plus à l'aise dans ce débat. Avec aplomb, il a répété que Montréal avait deux atouts, «la créativité et le savoir», mais qu'il fallait des réformes en profondeur avant d'aller séduire les investisseurs à l'étranger. «On n'a pas besoin d'un maire commis voyageur. Le maire doit d'abord bien gérer Montréal. Ce dont on a besoin, c'est de la cohérence, choisir sur quel clou on va taper.»

Le rôle du maire

Cette conception du rôle de maire a été vertement dénoncée par Richard Bergeron et Denis Coderre, qui estiment tous les deux que le premier magistrat doit «incarner le leadership». Pour M. Bergeron, un maire doit être capable de «changer la réalité physique» d'une ville en la rendant plus attrayante, grâce à ses projets.

Il a énuméré les siens: le tramway, l'Entrée maritime et le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie. «Une ville comme Barcelone fait sa promotion grâce à sa propre renaissance, a-t-il déclaré. Les autorités politiques n'ont pas besoin de prendre l'avion, les gens viennent à eux. Montréal a déjà des avantages. Il faut que la ville parle d'elle-même.»

Le chef de Projet Montréal s'est à nouveau présenté comme le champion de l'intégrité, et «le seul à faire des promesses» aux Montréalais.

Coderre détendu

Quant à Denis Coderre, il a répété à maintes reprises que la corruption et la collusion étaient de l'histoire ancienne. «Il faut arrêter de s'autoflageller, de se descendre, de se rapetisser, il faut commencer à penser grand. Le maire est le rassembleur, le catalyseur, pour créer un environnement propice à l'investissement [...] Je ne suis pas ici pour attaquer qui que ce soit, mais pour apporter des solutions.»

M. Coderre réagissait notamment à Mélanie Joly qui l'a encore une fois accusé de «ramener l'administration Tremblay-Zampino» sous sa direction.

Celui que les sondages créditent d'une victoire nette le 3 novembre prochain a semblé plus détendu que lors des débats précédents, multipliant les blagues sur la scène. «On peut marcher et manger de la gomme en même temps [...]. On peut faire le ménage dans la maison tout en s'assurant de recevoir la visite», a-t-il déclaré.

Pour illustrer les problèmes d'intégration des immigrants, il a eu cette remarque qui a fait rire l'auditoire: «Je dis toujours à la blague: ''Je souhaite tomber malade dans un taxi, c'est un médecin qui n'est pas reconnu.''»

Le débat était organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal, un organisme qui se décrit comme «privé, sans but lucratif et non partisan» qui a pour mission de favoriser une plus grande connaissance des affaires internationales.