Mélanie Joly a admis dimanche avoir commis une erreur en recrutant l'ex-escorte Bibiane Bovet dans son équipe, lors de la conférence de presse où son retrait de la course a été annoncé.

Ce n'est toutefois pas son passé à la frontière de la légalité qui a convaincu la formation politique de lui retirer son appui. Mme Joly a indiqué que c'est plutôt l'ouverture de vérifications par l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur une entreprise de Mme Bovet qui a fait déborder le vase.

«Au dépôt des mises en candidature, le 4 octobre, les choses se sont bousculées. C'est clair que c'est une erreur de la part de notre organisation. C'est une erreur de bonne foi», a-t-elle admis dimanche après-midi. «J'ai pris une décision aujourd'hui sur la base de faits nouveaux.»

La jeune candidate à la mairie de Montréal en a profité pour lancer une flèche à ses adversaires, affirmant que d'autres formations politiques municipales étaient beaucoup moins rapides à mettre de côté leurs candidats au passé trouble.

Explications non concluantes

Mme Joly a précisé que son équipe avait rencontré Bibiane Bovet très récemment afin de lui donner la chance de donner sa version des faits. L'ex-candidate au conseil municipal sollicitait des investissements de 125 000$ pour la création d'une nouvelle devise. Des frais de 10% seraient appliqués à toutes les transactions réalisées avec cette monnaie.

«On a vraiment tenté d'avoir des explications de Mme Bovet. Ces explications n'ont pas été concluantes. Ma décision aurait été la même pour chacun des candidats [dans la même situation]», a dit Mme Joly. Les «explications» demandées par le parti concernaient les vérifications de l'AMF. Quant aux projets originaux de l'ex-candidate, Mme Joly a indiqué que «ça lui appartient». «Nous, on est en politique municipale.»

Vendredi, un porte-parole de l'AMF a indiqué à La Presse que l'organisation avait «pris connaissance de la lettre aux investisseurs que l'on trouve sur www.dgtmutual.com et, sans présumer de quoi que ce soit, il y a des éléments dans cette lettre qui justifient d'examiner le dossier». Sylvain Théberge a ajouté que ce sont les services responsables du «financement des sociétés» qui feront ces vérifications.

Position «courageuse»

Mélanie Joly est aussi revenue sur sa conférence de presse de vendredi, au cours de laquelle elle s'était rangée derrière Bibiane Bovet. Elle ne regrette pas ses gestes.

Ce jour-là, elle avait défendu bec et ongles le droit à la différence de sa candidate, ainsi que son passé. Elle avait notamment fait valoir que le travail d'escorte n'était pas illégal en soi et que Mme Bovet avait fait de son mieux pour se sortir d'une situation très difficile.

«Vendredi, quand j'étais devant vous, j'ai défendu une personne qui avait un passé d'escorte, et je le referais demain matin», a-t-elle dit dimanche. Elle a qualifié cette position de «courageuse» et a affirmé en être «très fière».

Mélanie Joly croit que toute l'affaire ne nuira pas à son parti le 3 novembre. Elle s'est félicitée de sa réaction rapide dans ce dossier et a assuré que tous ses candidats actuels étaient dignes de confiance.

Photo Olivier Jean, La Presse

Bibiane Bovet