Après les révélations, place aux élections. Les audiences de la commission Charbonneau ont donné un grand coup de fouet à la vie démocratique au Québec, particulièrement dans la grande région de Montréal où des centaines de candidats se disputeront les faveurs des électeurs, le 3 novembre prochain.

C'est du jamais vu à Montréal. À la fermeture de la période de mise en candidature hier à 16 h 30, on comptait 432 candidats qui se présenteront à l'un des 103 postes d'élus. C'est 132 de plus qu'en 2009, qui était déjà une année-record. À la mairie seulement, ils sont 12, dont 5 avec des équipes organisées, à vouloir remplacer le maire intérimaire Laurent Blanchard (voir autre texte).

En 2009, Gérald Tremblay avait fait face à cinq adversaires. Il faut remonter à 2001, année des fusions, pour trouver une telle participation à la course à la mairie.

Selon Pierre J. Hamel, professeur-chercheur à l'INRS-Urbanisation culture société, cette profusion est étonnante dans la mesure où l'actualité a particulièrement malmené les politiciens depuis un an. «On aurait pu penser que la commission Charbonneau aurait pu décourager les gens de se présenter. C'est peut-être plus comme un phénomène d'appel d'air, dans la mesure où il y a un effondrement des équipes qui ont dominé pendant longtemps. La nature a horreur du vide.»

Cet «appel d'air» est particulièrement évident à Laval et à Montréal, «où les gens en place ont été discrédités», note-t-il.

Selon Danielle Pilette, professeure à l'UQAM et spécialiste en gestion et finances municipales, il y a une tendance lourde dans toutes les municipalités citées à la commission Charbonneau. «Partout, dans tous les cas où il y a eu des allégations et des accusations, il y a un surcroît de candidatures.»

Pour la métropole, précise-t-elle, le portrait est sans doute différent. «Au départ de M. Tremblay, il y a eu une coalition au comité exécutif qui s'est trouvée à annuler l'opposition. Peut-être que ça a suscité une opposition désorganisée qui se manifeste par une multiplicité de candidatures.»

Laval: une démocratie plus vigoureuse

Après 12 ans sans opposition au conseil municipal, près de trois décennies de règne sans partage de l'ex-maire Gilles Vaillancourt, les Lavallois ont droit à des élections excitantes. Plus de 125 candidats se présentent dans les 21 districts et 9 à la mairie.

Marc Demers, un ex-policier qui s'est présenté comme candidat pour le Parti québécois en 2012, a été choisi chef du Mouvement lavallois, qui s'est imposé comme principale force d'opposition en 2009. Robert Bordeleau, qui a déjà tenté sa chance aux dernières élections et recueilli 15% des voix, se représente à la tête d'une équipe renouvelée. Jean-Claude Gobé, ex-député libéral provincial, a créé un nouveau mouvement, Action Laval, dont l'objectif premier est le «rapprochement avec le citoyen». Enfin, la conseillère Claire LeBel, élue en 2009 sous la bannière du Parti du ralliement officiel (PRO) des Lavallois, tente sa chance à la mairie avec son parti, Option Laval, dont la philosophie est basée sur les «valeurs familiales».

Jacques Foucher, Hélène Goupil Nantel, Guy Landry, Régent Millette et Marc-Aurèle Racicot se disputeront également les faveurs des électeurs le 3 novembre prochain.

Photo André Pichette, La Presse

Marc Demers, l'un des trois candidats à la mairie de Laval. 

Longueuil: adversaire de dernière minute

Jusqu'à la dernière minute, la mairesse sortante Caroline St-Hilaire était la seule candidate enregistrée aux élections à la maire de Longueuil, ce qui en a porté plusieurs à croire qu'elle serait élue par acclamation.

Mercredi après-midi, soit 48 heures avant la date butoir, un nouveau candidat à la mairie s'est inscrit dans la course: Pardo Chiocchio, homme de 70 ans décrit comme un habitué des séances du conseil municipal. Il a déclaré à un journal local qu'il était impensable pour la démocratie que la mairesse soit élue sans opposition.

Le libraire Paul Saindon, qui avait manifesté son intention de se présenter à la mairie, a décidé de se retirer de la course. Il se présentera finalement comme conseiller indépendant.

Éclaboussé par des révélations de la commission Charbonneau voulant que les anciens maires Claude Gladu et Jacques Olivier aient bénéficié de contributions illégales, le Parti municipal de Longueuil (PML) a renoncé à présenter des candidats aux élections.

Deux élus sortants, anciennement du PML, Claude Jr Gladu et Robert Gladu (respectivement le fils et le neveu de Claude Gladu), se présentent comme conseillers indépendants.

La mairesse Caroline St-Hilaire présente quant à elle des candidats dans tous les districts. Ils affronteront, pour la plupart, des indépendants.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Caroline St-Hilaire, mairesse sortant de Longueuil.