Marcel Tremblay est sans doute le plus heureux des candidats défaits du parti du maire Gérald Tremblay.

Malgré sa défaite à la mairie de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, le frère du maire savourait une double victoire, hier. À 65 ans, il dit avoir «gagné» le droit de prendre sa retraite pour passer du temps avec sa femme. Celle-ci, Brunhilde Ramaut, ne cachait pas non plus sa joie, hier. «Enfin, après huit ans de veuvage, je le récupère», a-t-elle dit à La Presse en riant.

Sur le plan politique, Marcel Tremblay s'est dit fier d'avoir contribué à la victoire de Frantz Benjamin au poste de conseiller municipal dans Saint-Michel. Il est le premier représentant de la communauté haïtienne au pouvoir à l'hôtel de ville. «Pour faire élire Frantz, ça a été une grande bataille jusqu'à la dernière minute. Les 120 000 membres de la communauté haïtienne à Montréal méritaient une voix à l'hôtel de ville», a dit Marcel Tremblay, qui a aussi souligné la victoire d'une autre candidate d'origine haïtienne, Monica Ricourt, dans Montréal-Nord.

 

Marcel Tremblay avait annoncé sa retraite en mars dernier, alors qu'il siégeait comme conseiller municipal dans le district de Notre-Dame-de-Grâce. C'était avant que son frère ne lui demande d'affronter Anie Samson, candidate de Louise Harel et mairesse sortante de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. Mais, de son propre aveu, il n'a pas «cogné à une seule porte» dans Villeray, quartier de «francophones avec des affinités et des convictions politiques plus près de Louise Harel et de Richard Bergeron». Il a plutôt concentré ses énergies dans les quartiers multiethniques de Saint-Michel et de Parc-Extension. Si Marcel Tremblay a des raisons de se réjouir, il se désole toutefois de la défaite de membres «compétents» du comité exécutif, comme André Lavallée.

André Lavallée fier de son bilan

André Lavallée, maire sortant de Rosemont-La Petite-Patrie, n'avait pas envie d'analyser les raisons de sa défaite, hier. Il a terminé troisième, après Vision Montréal et Projet Montréal. «J'ai volontairement décidé de ne pas consacrer ma journée aux grandes analyses, mais aux gens que j'aime et qui m'aiment», a dit celui qui a 35 ans d'expérience en politique.

Ex-numéro 3 de l'administration de Gérald Tremblay, M. Lavallée se dit toutefois «serein» par rapport au bilan de ses réalisations, notamment le plan de transport de Montréal adopté l'an dernier. «Je pense sincèrement que l'avenir de Montréal passe par la réalisation de ce plan, à la fois réaliste et ambitieux», a-t-il ajouté d'une voix solennelle.

Autre membre du comité exécutif sortant, Catherine Sévigny, à qui le maire Tremblay avait confié le dossier de la culture, avait encore des sanglots dans la voix, hier matin, après avoir elle aussi terminé troisième dans Ville-Marie, où elle briguait un siège de conseillère municipale. «Il faut accepter les choses qu'on ne peut pas changer, mais c'est certain que c'est ingrat, la politique», a dit celle qui a travaillé dans le milieu du cinéma ainsi qu'à la Caisse de dépôt avant de se lancer en politique municipale.

Les récentes déclarations de l'ex-maire du centre-ville (Ville-Marie), Benoit Labonté, sur la collusion et le financement occulte des partis ont nui à l'équipe du maire Gérald Tremblay dans cet arrondissement, croit Mme Sévigny. Elle montre également du doigt la «machine péquiste» de Louise Harel, qui, dit-elle, a mis toute la gomme dans le centre-ville. Mme Sévigny a offert au maire Tremblay de continuer à collaborer avec lui dans des dossiers qui lui tiennent à coeur, tels la revitalisation de la rue Sainte-Catherine et le Quartier des spectacles.

Michel Prescott (Union Montréal), conseiller municipal depuis 27 ans, s'est fait éjecter de son siège dans le Plateau-Mont-Royal. Il dit «prendre avec philosophie» de s'être fait «doubler sur la voie du progressisme». «Projet Montréal pense aller plus loin plus rapidement que nous. Je leur souhaite bonne chance, mais peut-être que la réalité va les rattraper», a-t-il souligné hier. Après tant d'années en politique municipale, M. Prescott est heureux de retrouver une «certaine liberté de parole et d'action». «Mon nom est dans le bottin, s'il y a des gens qui ont des choses à m'offrir», a ajouté l'avocat en riant.

Les autres grands perdants de l'Équipe Tremblay - Michel Labrecque (président sortant du conseil d'administration de la Société de transport de Montréal), l'ex-ministre péquiste Diane Lemieux ainsi que François Purcell ont préféré ne pas commenter leur défaite, hier.