Les partis de l'opposition à Laval ne croient pas le maire sortant, Gilles Vaillancourt, lorsqu'il dit ne pas être au courant de malversations dans l'attribution de contrats municipaux. Ils ont de nouveau réclamé une enquête publique, hier, après que La Presse eut révélé que la Ville a accordé une douzaine de contrats de voirie au terme d'appels d'offres dont les résultats étaient connus d'avance.

«C'est impossible de ne pas savoir ce qui se passe dans une ville où l'on siège depuis 36 ans», a affirmé Robert Bordeleau, chef du Parti au service du citoyen.

 

François Beaudry, ex-ingénieur au ministère des Transports, affirme qu'un informateur lui a communiqué la somme des soumissions pour une douzaine de contrats de travaux publics prévus par la Ville de Laval en 2003. Cette source lui a donné d'avance les noms de 10 entreprises qui devaient présenter les soumissions les plus basses. Elle voulait ainsi lui démontrer que le concours pour l'attribution des contrats était truqué.

Ces révélations font suite à des reportages faisant état d'un «club» d'entreprises qui se partagent la vaste majorité des contrats de travaux publics dans la région métropolitaine. Ces sociétés utiliseraient un stratagème afin de truquer les appels d'offres et gonfler les prix.

Selon Robert Bordeleau, le maire Vaillancourt ne peut ignorer que des appels d'offres sont truqués par des entreprises de construction. Car il est membre du conseil municipal depuis 1973, et il est maire de la troisième ville du Québec depuis 1989.

«Si tu fermes les yeux sur ce qui se passe, c'est que moralement, tu es complice», a-t-il affirmé.

La chef du Mouvement lavallois, Lydia Aboulian, convient que le maire Vaillancourt connaît trop bien l'appareil municipal pour ignorer les cas de collusion.

«Pourquoi est-ce que ça ne se serait produit qu'une fois? a dénoncé la candidate. De toute évidence, il y a une organisation.»

M. Bordeleau et Mme Aboulian martèlent que le gouvernement doit lancer une enquête publique pour aller au fond de cette affaire.

Les villes victimes

Gilles Vaillancourt a déjà dit qu'il n'est pas au courant de malversations dans les processus d'appels d'offres dans sa ville. La semaine dernière, il a salué la création d'une escouade policière spéciale pour enquêter sur les pratiques du milieu de la construction.

Il a également affirmé que «les municipalités peuvent aussi bien être des victimes des pratiques douteuses de l'industrie de la construction qu'autre chose».

Le maire a refusé de commenter le reportage de La Presse d'hier.

«Nous n'avons pas de commentaires à ajouter sauf que nous sommes satisfaits que M. Beaudry ait soumis le dossier à la Sûreté du Québec, a indiqué sa porte-parole, Amélie Cliche. Nous faisons confiance aux autorités policières pour faire toute la lumière dans ce dossier d'appel d'offres publiques.»