Benoit Labonté est persuadé qu'il a été victime d'un «assassinat politique prémédité et bien orchestré». Il accuse plusieurs anciens collaborateurs «qui travaillent directement ou indirectement pour Union Montréal aujourd'hui».

Dans l'entrevue accordée à Radio-Canada, M. Labonté a nommé l'ex-directeur général de Vision Montréal, Robert Laramée, et l'ex-chef du parti, François Purcell, «qui ont dilapidé la caisse du parti avant que j'arrive», a-t-il dit. «J'ai tous les rapports et les factures. Ils ont agi sans autorisation du comité exécutif de Vision Montréal. J'ai remis une copie de l'enquête à Mme Harel.»

 

M. Labonté dit que Robert Laramée a doublé son salaire sans résolution de l'exécutif du parti et a «fait faire des chèques et des contrats à ses petits amis». Il ajoute que M. Purcell «s'est payé un salaire et s'est fait payer un 4% quand il est parti comme s'il perdait son emploi». Robert Laramée a admis sans détour hier soir avoir bénéficié d'un double salaire au cours de l'élection partielle dans l'arrondissement d'Outremont, en 2007. Pendant 10 à 12 semaines, se souvient-il, le parti l'a rémunéré en fonction d'un salaire annuel de 60 000$. Son travail de directeur général de Vision Montréal le payait 30 000$ par année, ce qui représentait un salaire à mi-temps.

«Je suis à l'aise avec ça, a dit Robert Laramée à La Presse. Il fallait reconnaître que je travaillais à temps plein pendant la campagne électorale. Je faisais au-delà de 40 ou 50 heures par semaine pour coordonner les bénévoles.» M. Laramée nie cependant que le comité exécutif de Vision Montréal n'ait pas autorisé cette majoration. «Le chef de Vision Montréal, François Purcell, en a toujours été informé, a-t-il dit. Si le comité exécutif ne l'a pas autorisé avant, il l'a fait de façon rétroactive», a-t-il assuré.

Robert Laramée a par ailleurs salué le courage de Benoit Labonté d'avoir dénoncé publiquement ce système. «Lui et moi, on a eu des différends, mais jamais je n'aurais souhaité qu'il doive quitter la politique de cette façon», a-t-il dit. François Purcell n'a pas rappelé La Presse, hier soir.

M. Labonté a dit qu'à la place de Louise Harel, il aurait agi de la même façon et aurait exigé sa démission. Il dit que Mme Harel est «d'une très grande intégrité personnelle» et la seule qui puisse faire le ménage à l'hôtel de ville de Montréal. Malgré ses rencontres avec Tony Accurso et ses appels téléphoniques avec l'homme d'affaires de Simard-Beaudry Construction, il affirme: «Je n'ai pas été acheté.»

M. Labonté est bouleversé par les révélations qu'il a décidé de faire. À la fin de l'entrevue, il s'est excusé «auprès de ceux (qu'il peut) déranger». Il a ajouté que sa motivation aura été de «laver sa réputation». «Je refuse aussi d'être le seul bouc émissaire d'un système gangrené. Ce n'est pas vrai qu'il peut n'y avoir qu'une seule personne de coupable là-dedans. Si le témoignage que je livre ce soir peut aider à des prises de conscience et accélérer le nettoyage du système, ce sera ma dernière contribution au nettoyage du service public, j'en serai heureux. Et je le fais d'abord et avant tout pour moi... pour ma conscience.» Son visage s'est plissé. Il a retenu ses larmes.