Les partis de l'opposition à Laval ont réclamé que Québec ordonne une enquête, hier, pour savoir pourquoi huit entreprises ont obtenu les trois quarts des sommes versées par la Ville pour des travaux publics en huit ans.

La Presse a révélé hier que ce groupe restreint d'entreprises a décroché des contrats totalisant 288 millions de dollars entre 2001 et 2008. Vingt-quatre autres firmes ont obtenu des contrats d'une valeur de 100 millions.

 

Les sociétés dirigées par l'homme d'affaires Tony Accurso, Construction Louisbourg et Simard-Beaudry, ont à elles seules raflé le quart des sommes attribuées par la Ville.

M. Accurso est depuis longtemps identifié comme un proche du maire Vaillancourt. Dans un courriel envoyé à La Presse mardi, le maire Gilles Vaillancourt a confirmé qu'il avait «rencontré M. Accurso à quelques reprises» et qu'il avait assisté à l'inauguration de son bar, le TOPS.

Plainte

Ces faits troublent la chef du Mouvement lavallois, Lydia Aboulian. Elle compte expédier une plainte à la ministre de la Justice, Kathleen Weil, pour lui demander de faire la lumière sur les liens entre l'administration Vaillancourt et les entreprises de construction.

«La Ville doit nous expliquer ça, a-t-elle affirmé. Il y a quelque chose qui n'est pas normal et c'est pour cela qu'on doit faire une enquête.»

Le chef du Parti au service du citoyen, Robert Bordeleau, demande lui aussi au gouvernement d'intervenir. Il réclame la tenue d'une commission d'enquête.

«Je présume qu'il y a collusion et je demande à Québec de tenir une enquête publique», a-t-il indiqué.

Rencontré en marge d'une réunion de son comité exécutif, M. Vaillancourt a refusé d'expliquer pourquoi huit entreprises se partagent les trois quarts des contrats attribués par son administration.

«Je n'ai rien à ajouter et aucun autre commentaire à faire», a-t-il affirmé.

Contrairement aux deux partis de l'opposition et aux trois partis municipaux à Montréal, le maire ne demandera pas à Québec d'enquêter sur les allégations de collusion et de corruption liées à l'industrie de la construction.

«C'est une décision gouvernementale et le maire n'a pas à se prononcer là-dessus», a indiqué sa porte-parole, Amélie Cliche.

La semaine dernière, une enquête de Radio-Canada avait corroboré un reportage de La Presse selon lequel un «club» d'entreprises se partageait la vaste majorité des contrats de travaux publics dans la région métropolitaine. Ces sociétés utiliseraient un stratagème complexe afin de truquer les appels d'offres et gonfler les prix.

«Je n'ai aucune information qui m'indique qu'il y a des pratiques semblables à Laval, avait affirmé M. Vaillancourt le lendemain. Pour le moment, le fait que le gouvernement forme une escouade spéciale et le fait qu'un travail policier sérieux se fait me rassurent.»

Une étude de Transports Canada a montré il y a deux ans que la construction d'une chaussée d'autoroute urbaine à deux voies coûte 790 000$ le kilomètre au Québec. C'est 50% de plus que la moyenne canadienne.