Une cinquantaine d'étudiants en design de l'Université du Québec à Montréal ont créé près de 80 affiches coup-de-poing sur lesquelles ils expriment leur vision des problèmes de la métropole et incitent la population à aller voter afin de provoquer du changement dans leur ville.

Nelu Wolfensohn, professeur de design graphique, a pris l'habitude, d'une campagne électorale à l'autre, de faire produire par ses étudiants de «fausses» affiches électorales pour chacun des partis. Sauf que cette fois, deux partis municipaux sur trois ont décidé de ne pas avoir recours aux affiches. «Les étudiants ont donc exprimé leur vision de ce qui arrive à Montréal. Ils ont soulevé les problèmes qui leur semblaient récurrents et ils n'ont épargné personne», dit-il.

 

Les affiches des étudiants, réunies sous le titre SOS Montréal, frappent fort et expriment une vision assez pessimiste de l'état de la métropole. Sur l'un des projets, le sigle de Montréal est apposé sur une affiche cul-de-sac rouillée. Sur l'autre, le logo de la métropole est frappé par une tomate lancée à la volée, est entouré d'une nuée de mouches ou devient un fromage rongé par une souris vorace. «C'est pas moi!» dit la souris, qui tient un morceau de fromage dans ses pattes.

«Montréal quatre saisons», titre un autre projet. En haut, on voit une voiture enterrée sous la neige. En bas, on voit la même voiture enfouie sous un amoncellement de déchets. Une autre série d'affiches joue avec le nom de la métropole: Mortréal, Nonréal. «Le 1er novembre, votez pour que ça change», ajoute-t-on. Sur une autre série, le «o» de Montréal est remplacé par une coquerelle, un sans-abri, un sac de déchets.

Les étudiants abordent aussi des dossiers particuliers, comme les transports en commun. Sur une affiche, un usager est crucifié sur le sigle de la STM. Sur une autre, une poule nous annonce qu'elle a «fait son nid à Montréal».

«C'est assez lugubre, convient M. Wolfensohn. Mais ça reflète les opinions de la jeune génération. C'est une sorte de cri du coeur. Et c'est une façon de dire aux gens d'aller voter, de s'intéresser à leur ville.»

Les affiches sont actuellement exposées au département de design graphique de l'UQAM. «Ce projet a un autre but, explique Nelu Wolfensohn. Nous voulons transformer l'affiche en un outil de propagande numérique. L'affiche ne va pas terminer sa vie avec la mort de l'imprimé, elle aura une seconde vie sur les écrans d'ordinateur. On veut s'approprier de nouveaux moyens de communications en gardant la force de l'image.»

SOS Montréal

Pour voir les affiches : www.sosmontreal.uqam.ca/